Nigeria : l’attaque de Maiduguri par Boko Haram repoussée

Une nouvelle offensive de Boko Haram dimanche contre Maiduguri, son ancien fief du nord-est peuplé d’un million d’habitants, a été repoussée par l’armée et les milices, à deux semaines d’une élection présidentielle qui s’annonce sous haute tension.

Une rue de Maiduguri regardent de la fumée lors d’une attaque de Boko Haram, le 14 mars 2014. © AFP

Une rue de Maiduguri regardent de la fumée lors d’une attaque de Boko Haram, le 14 mars 2014. © AFP

Publié le 1 février 2015 Lecture : 4 minutes.

"L’attaque menée par les terroristes à Maiduguri aux premières heures de dimanche a été rapidement repoussée. Les terroristes ont subi de lourdes pertes," a affirmé dans l’après-midi le porte-parole de l’armée, Chris Olukolade dans un message. "La situation est calme, une opération de ratissage est en cours dans cette zone", a-t-il dit.
"Les terroristes ont subi des pertes massives", a ajouté le porte-parole militaire.
Très tôt dimanche, de puissantes explosions et des échanges de tirs étaient entendus alors que des hommes de Boko Haram tentaient une percée dans Maiduguri par le sud, ont indiqué des témoins.
Ces habitants, joints au téléphone par l’AFP, ont déclaré que l’attaque avait été lancée vers 03H00 locales (02H00 GMT), ajoutant que de violents combats étaient en cours au sud de la ville entre combattants islamistes et des troupes nigérianes appuyées par des milices, majoritairement composées d’habitants.
Forces armées et milices ont affronté les assaillants de Boko Haram pendant plusieurs heures au cours de combats essentiellement concentrés vers 07H00 GMT à Mulai, à environ 3 km de Maiduguri, ont indiqué des habitants.
Cette attaque a cependant été repoussée et les combattants de Boko Haram ont ensuite attaqué à l’est de la ville, où des affrontements étaient en cours en fin de matinée, selon plusieurs témoins.
"Toute la ville est (plongée) dans la peur (…) les gens ont peur de ce qui va se passer si Boko Haram défait les forces de sécurité", a déclaré l’un d’eux, Adam Krenuwa.
Le groupe islamiste a déjà tenté de prendre le contrôle de Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno et berceau historique de l’insurrection, le 25 janvier, mais son attaque avait été repoussée par l’armée.
Le même jour, à environ 130 km au nord, Boko Haram s’était emparé de la ville de Monguno et d’une base militaire, provoquant un nouvel afflux de réfugiés à Maiduguri. Quelque 5.000 déplacés, femmes et enfants pour la plupart, sont arrivés lundi dans cette ville.
Plusieurs experts avaient récemment déclaré qu’ils redoutaient que Boko Haram, en raison du rythme effréné de ses gains territoriaux dans le nord-est du Nigeria, ne tente de nouveau de lancer une attaque sur Maiduguri avant l’élection présidentielle du 14 février.
La chute de Maiduguri aux mains des islamistes représenterait une énorme défaite pour les forces de sécurité, critiquées pour leur gestion depuis six ans de la crise née du soulèvement des islamistes. La prise de la ville risquerait également d’entraîner une catastrophe humanitaire.
Maiduguri, ville d’environ un million d’habitants, a vu sa population doubler ces derniers mois avec l’arrivée massive de centaines de milliers d’habitants de l’Etat de Borno, chassés de leurs villes et villages par les tueries.
Bombardements tchadiens sur Gamboru
Signe d’une récente prise de conscience internationale de la menace que représente Boko Haram pour les équilibres régionaux, à Addis Abeba, où se tenait samedi le sommet de l’Union africaine, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a soutenu l’idée d’une force régionale de l’Union africaine pour lutter contre les islamistes. Le même jour, l‘aviation tchadienne lançait une offensive aérienne dans la ville nigériane de Gamboru, tenue par Boko Haram, à la frontière camerounaise.
Dimanche après-midi, deux hélicoptères de combat de l’armée tchadienne ont encore bombardé les positions de Boko Haram, a constaté un journaliste de l’AFP depuis la ville voisine de Fotokol, au Cameroun.
Par ailleurs, et toujours dans la volatile région du nord-est, au moins sept personnes ont été tuées dimanche par un attentat-suicide visant une réunion au domicile d’un politicien à Potiskum, ont indiqué à l’AFP la police et des témoins.
De lourdes menaces pèsent sur la sécurité des élections du 14 février, Boko Haram tenant de vastes territoires de l’extrême nord-est. Des centaines de milliers d’habitants de la région se sont réfugiés dans les pays frontaliers, Tchad, Cameroun et Niger.
Cette région, à la population majoritairement musulmane, est considérée comme un bastion de l’opposition, et la crédibilité des élections pourrait être remise en question si des millions d’électeurs ne peuvent voter.
Le principal parti d’opposition du Nigeria, le Congrès progressiste (APC), a rejeté toute idée de report du scrutin, estimant que toute décision pouvant aller dans ce sens ne serait qu’une stratégie du parti au pouvoir redoutant une défaite après 16 ans au pouvoir.
Et des observateurs internationaux ont déjà fait savoir qu’ils ne superviseraient pas les élections dans cette région en raison des violences.
L’élection du 14 février devrait être la plus disputée depuis le retour à un régime civil en 1999.
Les tensions se font encore plus palpables à l’approche de la présidentielle, qui verra s’affronter principalement le président sortant Goodluck Jonathan et le candidat de l’APC (opposition) le nordiste musulman Muhammadu Buhari. Les législatives sont prévues le même jour, et les élections des gouverneurs des 36 Etats de la fédération le 28 février.

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