Abdel Fattah al-Sissi : « La lutte contre les jihadistes sera longue » en Égypte

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a estimé samedi que la lutte contre les jihadistes dans le Sinaï serait « longue et difficile », deux jours après des attentats contre les forces de sécurité ayant fait 30 morts.

Abdel-Fattah al-Sissi, entouré de généraux, au Caire le 31 janvier 2015. © AFP/Mena

Abdel-Fattah al-Sissi, entouré de généraux, au Caire le 31 janvier 2015. © AFP/Mena

Publié le 1 février 2015 Lecture : 3 minutes.

Sa déclaration a coïncidé avec une annonce de la justice égyptienne de classer comme "organisation terroriste" la branche militaire du mouvement islamiste palestinien Hamas, accusée de soutenir l’insurrection jihadiste dans le Sinaï (nord-est).
A l’issue d’une réunion avec la direction de l’armée, M. Sissi a annoncé la mise en place d’un "commandement militaire unifié" chargé exclusivement "de la lutte contre le terrorisme" dans la région du Nord-Sinaï.
Jeudi dans ce secteur, au moins 30 personnes, en majorité des militaires, ont péri dans des attentats coordonnés revendiqués par Ansar Beït al-Maqdess, la branche égyptienne du groupe Etat islamique (EI).
"La lutte sera difficile, dure (…), et elle sera longue," a affirmé M. Sissi dans une allocution retransmise à la télévision, en estimant que de nouvelles attaques auraient lieu.
En soirée, des sources de sécurité ont affirmé que l’armée avait déjoué un attentat suicide à la voiture piégée dans la région de Cheikh Zoueid dans le Sinaï. Les soldats ont tiré sur le véhicule qui s’approchait d’un check-point.
Plus au nord, à Rafah, une autre localité du Sinaï à la frontière de Gaza, des combats avaient lieu aux armes lourdes entre soldats et jihadistes, a-t-on ajouté.
Les Frères musulmans mis en cause
Les opérations antijihadistes devront s’intensifier sous le commandement militaire unifié dans le Nord-Sinaï et les effectifs et l’arsenal militaire seront augmentés, selon des responsables militaires.
"Nous n’abandonnerons le Sinaï à personne," a encore dit M. Sissi, entouré des membres du haut commandement de l’armée et s’exprimant par moment avec colère. "Le Sinaï sera aux Egyptiens et (nous) mourrons" pour le défendre.
Une vaste campagne militaire lancée il y a plus d’un an pour lutter contre les groupes jihadistes n’a pas réussi à faire cesser les attaques contre les forces de l’ordre régulièrement visées depuis que M. Sissi, alors chef de l’armée, a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en 2013.
M. Sissi a de nouveau accusé la confrérie des Frères musulmans de M. Morsi d’être derrière les attentats, estimant que son pays "affrontait la plus puissante organisation secrète du monde".
La confrérie, classée organisation "terroriste" par les autorités, nie avoir recours à la violence et condamne régulièrement les attentats, alors qu’elle est la cible d’une sanglante répression des autorités.
Dans les mois qui ont suivi la destitution de M. Morsi, 1.400 manifestants islamistes ont été tués, des centaines ont été condamnés à mort et environ 15.000 personnes emprisonnées.
Les jihadistes affirment agir en représailles à cette répression.
Al-Qassam proclamées ‘terroristes’
Quelques heures avant la déclaration de M. Sissi, un juge des référés a proclamé "groupe terroriste" les brigades Ezzedine al-Qassam, après une plainte d’un avocat accusant la branche armée du Hamas d’être directement impliquée dans des "opérations terroristes" au Sinaï, selon un responsable judiciaire.
"Les documents présentés par le plaignant ont prouvé que l’organisation a mené des attentats contre l’armée et la police égyptiennes et leurs installations", selon le juge.
Le mouvement Hamas, qui contrôle la bande de Gaza frontalière de l’Egypte, est issu des Frères musulmans.
Les brigades Al-Qassam n’ont pas réagi à la décision de justice mais une source proche du groupe a affirmé que celui-ci ne considérait "plus l’Egypte comme un médiateur entre lui et l’occupant israélien".
Malgré la détérioration de leurs relations depuis la destitution de M. Morsi, l’Egypte avait continué de jouer son rôle traditionnel de médiateur entre le Hamas et Israël, comme au moment de la guerre de Gaza en juillet-août 2014.
A Gaza, un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, a lui dénoncé le jugement égyptien comme "une dangereuse décision politique qui ne sert que les intérêts de l’occupant" israélien.
Le groupe palestinien Jihad islamique a lui aussi rejeté cette décision de justice et condamné les attentats contre l’armée dans le Sinaï.
En mars, l’Egypte avait interdit les activités du Hamas sur son territoire et ordonné le gel de ses avoirs.

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