Athlétisme : Julius Yego et Ihab Abdelrahman, pionniers africains du lancer de javelot
Respectivement champion et vice-champion du monde du lancer de javelot, Julius Yego et Ihab Abdelrahman sont les premiers Africains médaillés au niveau international dans la spécialité. Et à Durban, où les championnats d’Afrique se déroulent jusqu’au 26 juin, Ihab Abdelrahman a les faveurs des pronostics en l’absence de son rival.
Julius Yego et Abdelrahman font figure de pionniers africains du lancer de javelot. © Matt Dunham/AP/SIPA ; Jaroslav Ozana/AP/SIPA
Publié le 23 juin 2016 Lecture : 2 minutes.
Pour mieux comprendre les raisons de leur réussite, il faut regarder du côté de Kuortane, en Finlande, où les deux athlètes de 27 ans se rendent depuis plusieurs années. C’est là, dans la Mecque du javelot, qu’ils ont perfectionné leur geste sous l’œil de l’entraîneur national Petteri Piironen. Au point de devancer Tero Pitkamaki, icône du javelot finlandais, sur le podium mondial l’an dernier !
Julius Yego, champion grâce à YouTube
Passionné par le javelot depuis le collège, Julius Yego a rapidement compris qu’il serait limité par le manque de connaissances des entraîneurs kényans. Pragmatique, le futur policier raconte avoir alors passé des heures dans les cybercafés de Nairobi et d’Eldoret pour y étudier les vidéos de ses idoles sur YouTube. C’est ainsi que « YouTube Man » explique avoir comblé l’écart qui le séparait des meilleurs mondiaux.
Vainqueur des Jeux africains en 2011, il effectue son premier voyage en Finlande quelques mois plus tard. Les résultats ne tardent pas : champion d’Afrique en 2012, Julius Yego accède à la finale olympique en dépassant la ligne des 80 m. Au pied du podium mondial en 2013 malgré un jet à plus de 85 m, il décroche un deuxième titre continental l’année suivante. Avant de conquérir l’or planétaire en 2015 dans un nouveau record d’Afrique (92,72 m), qui fait de lui le troisième meilleur lanceur de tous les temps.
L’entêtement d’Ihab Abdelrahman
Plus grand (1,94 m contre 1,75 m) et plus précoce que le Kényan, Ihab Abdelrahman affiche lui aussi un parcours atypique. Venu au javelot sur l’insistance d’un de ses professeurs, l’Égyptien s’est rendu pour la première fois en Finlande en 2008, à 19 ans, grâce à une bourse de la fédération internationale. Mais l’expérience a tourné court, la faute au choc climatique et à la barrière de la langue. Entêté, il est revenu à Kuortane l’année suivante pour franchir 80 m quelques mois plus tard et devenir champion d’Afrique en 2010.
Las, la crise politique en Égypte est passée par là, privant le lanceur des deniers nécessaires pour retourner en Finlande. Grâce aux conseils prodigués par Petteri Piironen sur Internet, Ihab Abdelrahman a néanmoins repris sa progression, frôlant les 90 m en 2014 (89,21 m). Après sa médaille d’argent mondiale l’an dernier, l’Égyptien ne visera rien d’autre que l’or, dimanche à Durban, tout comme cet été à Rio.
