Start-up africaine de la semaine : le burkinabè Nafa Naana démocratise les lampes solaires et les réchauds à gaz

Depuis son modeste local de Ouagadougou, la jeune pousse révolutionne l’accès aux lampes solaires, précieux pour les nombreux foyers privés d’électricité, et aux réchauds à gaz, qui remplace la combustion nocive de bois ou de charbon habituelle dans les cuisines. À la tête de l’entreprise, dont le modèle est proche de la rentabilité, un Burkinabè d’une trentaine d’années : Sayouba Guira.

Le directeur général de Nafa Naana, Sayouba Guira, devant une sélection des produits distribués par la société au Burkina Faso. © Nafa Naana

Le directeur général de Nafa Naana, Sayouba Guira, devant une sélection des produits distribués par la société au Burkina Faso. © Nafa Naana

Publié le 23 juin 2016 Lecture : 3 minutes.

Nafa Naana, ou en langue locale dioula « le bénéfice est arrivé », est une entreprise sociale, encadrée et financée par l’ONG Entrepreneurs du Monde depuis ses tout débuts en 2010. Son modèle consiste à promouvoir et distribuer des équipements ménagers économes en énergie aux foyers les plus pauvres, dont les revenus sont inférieurs au seuil de pauvreté de 234 euros par an et par adulte au Burkina Faso.

Elle se positionne dans le contexte de la pénurie d’électricité et de l’utilisation ultra majoritaire pour la cuisine (87% des ménages burkinabè selon Entrepreneurs du Monde) des réchauds à bois ou à charbon. Pour limiter la pénurie en électricité, elle vend des lampes solaires. Et pour endiguer les effets nocifs (maladies respiratoires et circulatoires) induits par la combustion traditionnelle, elle distribue a minima des foyers améliorés qui limitent la consommation en bois, et dans l’idéal des réchauds et des cuisinières à gaz.

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Pari tenu

Un pari que la start-up, présente pour l’instant dans trois régions du Burkina Faso — Centre, Hauts-Bassins et Sud-Ouest — semble avoir partiellement gagné, au regard de l’engouement suscité par ces produits vendus à petits prix. Le nombre d’objets ménagers distribué est passé de 4 596 en 2013, à 11 040 en 2015, soit 36 950 équipements placés depuis le début de son activité. Ce qui amène la société à revendiquer 60 000 bénéficiaires et à prévoir dès 2017 d’élargir encore sa couverture du pays.

Elle va ainsi s’installer à Koudougou (Centre-Ouest) puis à Dédougou (Boucle du Mouhoun). Des zones où Nafa Naana pourra mettre en œuvre le système de « microfranchisés » dont elle s’est dotée. Par ce réseau, une cinquantaine de personnes se chargent d’ores et déjà de la vente du matériel ménager griffé Nafa Naana.

Béatrice Ouedarogo, 44 ans, est l’une d’elle. Elle distribue les produits dans le quartier Karpala, à l’est de la capitale. Avec une clientèle estimée au plus à 700 ménagères, elle avoue que c’est le vente à crédit qui marche le plus fort.

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Des tâches ménagères moins pénibles

« Beaucoup de mes clientes reviennent me dire qu’avec ces équipements, elles gagnent désormais en temps dans les tâches domestiques. De même, les plaintes de maux aux yeux ont diminué considérablement », note-t-elle.

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De bons retours pour Nafa Naana qui estime avoir sauvé près de 66 000 tonnes de bois grâces à ses équipements et permis aux ménages bénéficiaires de réaliser un gain cumulé de 2,8 milliards de F CFA.

« Nafa Naana est dans une phase de croissance », explique le directeur de l’entreprise, Sayouba Guira. Pour l’heure, le budget annuel de 350 000 euros est apporté par Entrepreneurs du Monde, mais Nafa Naana améliore constamment ses revenus propres. La société a réalisé un chiffre d’affaires de 168 millions de F CFA en 2015 (252 000 euros) et projette 200 millions en 2016. Ce qui couvre 60% des charges. Le chiffre d’affaires était de 86 000 euros en 2013.

Parmi les produits qui font sa notoriété, notamment parmi les ménagères de Ouagadougou, il y a les foyers de cuisson améliorés multi-marmites, dotés d’un foyer adapté à plusieurs tailles de marmites, qui permettent d’économiser 30 % de combustibles. Ou bien encore le « Ouaga Métallique » qui, lui, promet de diviser la consommation de bois par deux.

Ils sont vendus entre 3 000 et 27 000 F CFA, quand les réchauds à gaz sont vendus entre 15 000 et 60 000 F CFA et les lampes solaires entre 5 500 et 28 000 F CFA. Au niveau encore au-dessus, les kits solaires, qui permettent de fournir une alimentation sommaire à des sites isolés ou hors réseau. Il faut compter 75 000 à 300 000 F CFA pour s’en équiper.

Facilités de paiement vis-à-vis des clients et des fournisseurs

Pour permettre les achats, dont les prix seraient sinon prohibitifs, l’offre Nafa Naana est couplée avec des facilités de paiement vis-à-vis des clients et des fournisseurs. « Notre offre consiste en une avance de 30 % pour acquérir les équipements, et le reste est soldé en trois mensualités », dit Sayouba Guira.

Côté fabrication des foyers de cuisson améliorés et structures métalliques des réchauds, elle est sous-traitée à des artisans locaux. Ce qui n’est pas le cas des lampes et kits solaires qui sont achetés en Chine par Entrepreneurs du Monde, et des brûleurs et bouteilles de gaz qui sont importés. « Nous avons constamment un grand besoin en fonds de roulement », souligne le jeune économiste. Qui fixe un cap : « la viabilité et l’équilibre des comptes que nous voulons atteindre en 2019 ».

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