Niger : où en est l’opposition depuis sa défaite face à Mahamadou Issoufou ?

Alors que le second mandat de Mahamadou Issoufou approche des cent jours, l’opposition nigérienne se fait discrète. Que devient la coalition ? Réponse en trois points.

Seyni Oumarou, Mahamane Ousmane, Hama Amadou et Amadou Boubacar Cissé, de gauche à droite et de haut en bas. © AP/SIPA/AFP-Montage J.A.

Seyni Oumarou, Mahamane Ousmane, Hama Amadou et Amadou Boubacar Cissé, de gauche à droite et de haut en bas. © AP/SIPA/AFP-Montage J.A.

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 24 juin 2016 Lecture : 3 minutes.

Depuis sa défaite à la présidentielle face à Mahamadou Issoufou, dont elle conteste la réélection, l’opposition nigérienne est à la peine.

L’alliance du Moden-Lumana, du Mouvement nigérien pour la société du développement (MNSD), de l’Union pour la démocratie et la République (UDR) et du Mouvement Nigérien pour le renouveau démocratique (MNRD-Hankuri), très présente médiatiquement avant l’élection, se cherche un second souffle.

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Jeune Afrique a profité de cette période de creux pour faire l’état des troupes de l’opposition, qui rêvent d’unité et de contre-attaque.

1. Un Lumana « décapité »

Hama Amadou est à Paris depuis le 16 mars 2016. Après une période de convalescence, il a quitté l’hôpital américain de Neuilly. Il n’intervient plus publiquement dans la sphère politique nigérienne.

S’il s’entretient encore de façon régulière avec les autres leaders de l’opposition, l’ancien candidat à la présidentielle attend sans faire de bruit ni de vagues, alors que son dossier judiciaire est encore ouvert à Niamey. Une façon de laisser faire le temps, d’autant que son parti, le Moden-Lumana se trouve « décapité », selon l’expression d’un proche.

Avec trois lieutenants d’importance en prison, Soumana Sanda, ancien ministre de la Santé publique et président de la coordination régionale de Niamey, Oumarou Dogaro Moumouni, président de la coordination de la commune Niamey 3 et Issaka Issoufou, président de la coordination régionale de Tillabéry, le parti peine à se remettre d’une fin d’année 2015 et d’un début d’année 2016 mouvementés.

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2. Un MNSD en « réorganisation »

Le Mouvement nigérien pour la société du développement de Seyni Oumarou (MNSD) est en pleine « réorganisation », selon un de ses cadres. Afin de tirer les leçons de la défaite à la présidentielle de février 2016, le parti s’attelle à une réorganisation structurelle et a mis en place des comités de réflexion, qui sont actuellement chargés de proposer des pistes. De plus, l’unité officiellement affichée par le parti a été mise à mal.

Selon la ligne officielle du parti, « tout le monde fait bloc derrière Seyni pour aller vers la fondation d’un nouveau front d’opposition ». Mais, pour une source proche de l’opposition, la ligne politique défendue par Seyni Oumarou, qui consiste en une alliance avec Hama Amadou, Amadou Boubacar Cissé et Mahamane Ousmane, a déplu à plusieurs cadres du parti, qui seraient partisans d’une relation plus « apaisée » avec le pouvoir. « Une partie du MNSD voulait négocier avec le parti présidentiel », confie même un membre de la coalition d’opposition.

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3. Une coalition qui « n’a pas beaucoup avancé »

Dans le contexte de réorganisation au MNSD et d’affaiblissement du Lumana, la coalition d’opposition « n’a pas beaucoup avancé », confie un de ses leaders, d’autant que la période du ramadan n’est pas propice aux rassemblements. Nombre de militants ont mis en cause son efficacité et aimeraient tourner la page. Officiellement, les leaders Hama Amadou, Seyni Oumarou, Amadou Boubacar Cissé et Mahamane Ousmane font pourtant toujours front commun et s’entretiennent régulièrement.

« Beaucoup nous disent qu’on se tait trop, mais il n’y a pas d’abandon de la lutte, juste des réorganisations internes », explique Amadou Boubacar Cissé. Une grande déclaration commune devrait être faite après le ramadan pour clarifier la situation.

L’objectif : bâtir un front d’opposition élargi à la société civile, avec qui des contacts ont lieu ponctuellement. Mais, même de ce côté, la partie n’est pas gagnée. Un leader de la société civile, contacté par Jeune Afrique, se montrait même pessimiste. « Ils ont leur stratégie, nous avons la nôtre », confiait-il. Sans compter que les élections locales prévues début 2017 ne devraient pas contribuer à apaiser les tensions.

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