Afrique de l’Ouest : le développement plutôt que le tout sécuritaire
Investir dans la prévention de la violence et dans la paix en Afrique de l’Ouest et le Sahel n’est plus une option, c’est une priorité stratégique.
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Mohamed Ibn Chambas
Mohamed Ibn Chambas est le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et le chef du bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.
Publié le 24 juin 2016 Lecture : 2 minutes.
Malgré des avancées certaines au cours des trois dernières décennies marquées par des transformations importantes dans les domaines économique, social, culturel, institutionnel et politique ; la sous-région de l’Afrique de l’Ouest et le Sahel continuent de faire face à une multitude de défis qui handicapent son développement et empêchent des milliers de personnes de vivre dans des conditions de vie décentes.
Aux défis du choc climatique, de la démographie, et du chômage, s’ajoutent de nouveaux défis aussi complexes que pernicieux comme le crime organisé, les trafics en tout genre, le terrorisme et l’extrémisme violent qui poussent les Etats de la sous-région à favoriser une approche sécuritaire pour endiguer ses fléaux au détriment d’une approche qui intègre la nécessité de la sécurité et la priorité du développement.
Ne pas ignorer les aspirations des populations
En effet, dans un monde de plus en plus dominé par « le tout sécuritaire », l’Afrique, et en particulier les pays de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, ne peuvent pas sous-estimer l’importance de la menace terroriste multiforme. Cependant, ils ne peuvent pas non plus tempérer, voire ignorer les aspirations des populations, majoritairement jeune, à plus de développement et de prospérité.
Car, si la sécurité est une nécessité indiscutable, l’investissement dans les divers secteurs de développement économique et humain est tout aussi nécessaire et doit constituer une priorité stratégique.
Aujourd’hui, 37 % des jeunes adultes en Afrique subsaharienne déclarent vouloir émigrer vers un autre pays, essentiellement en raison du manque d’emplois.
Des mouvements migratoires insoutenables
Le peu de perspectives qu’ont les adolescents et les jeunes adultes de pouvoir gagner leur vie nourrit des phénomènes de radicalisation, d’extrémisme violent et des mouvements migratoires insoutenables.
Il est urgent de placer l’individu au centre des politiques nationales et programmes de développement.
Investir dans la prévention de la violence et dans la paix en Afrique de l’Ouest et le Sahel n’est plus une option, c’est une priorité stratégique que les gouvernements de la sous-région doivent assumer avec un engagement claire et fort.
Permettre l’émergence d’une classe moyenne dynamique
Avec l’appui des partenaires au développement, les pays de la sous-région devront redoubler leurs efforts pour maintenir une croissance économique, permettre l’émergence d’une classe moyenne dynamique, renforcer le développement du secteur privé, lancer des réformes structurelles, prendre en compte la perspective genre dans les plans de développements nationaux, et faciliter l’émergence d’une société civile dynamique.
La population des dix-huit pays de la région augmentera de plus de 130 millions d’habitants à l’horizon 2025 pour atteindre 430 millions d’habitants dont 65% de cette population aura moins de 25 ans. C’est dire l’urgence de la tâche qu’ont les gouvernements de la région à investir dans l’individu-citoyen et anticiper l’émergence d’autres défis, encore plus complexes.
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