Des fesses de stars qui font débat

L’article intitulé « Vous avez dit callipyges » consacré à l’image des femmes noires dans les clips de rap américains a suscité de nombreuses réactions. L’auteur de l’article, Léo Pajon, journaliste à « Jeune Afrique », répond aux lecteurs.

Image du clip Anaconda. © Capture d’écran YouTube

Image du clip Anaconda. © Capture d’écran YouTube

Publié le 5 février 2015 Lecture : 2 minutes.

Dans notre dernier numéro, dans l’article "Vous avez dit callipyges ?", nous nous intéressions à l’image véhiculée par les femmes noires dans les clips de rap américains. Nous avancions, en nous appuyant sur des études menées aux États-Unis et en France, que les popotins joufflus des stars et des modèles renvoyaient à un imaginaire racial né durant l’esclavage. Vous avez été nombreux à réagir.

 

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"Encore cet étalage de filles qui font croire que le cerveau de la femme est dans son entrejambe et non dans sa tête", regrette Anicet Czar sur Facebook. Mais bon sang ! Est-ce que les artistes masculins, on les dénude et parle de leur fion et de leur entrejambe à tout va ? Non ! Donc arrêtez cette prostitution médiatique féminine."

"Il est important que les femmes particulièrement les femmes noires sachent que l’hyper-sexualisation du corps ne fera jamais avancer la cause féminine peu importe le siècle ou la société. Bref servons-nous de nos têtes et non de nos fesses", encourage pour sa part Désirée M. Kazadi Mudiantu.

Anaconda, Nicki Minaj.

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Dans la plupart de vos commentaires, cependant, c’est la thèse même de l’article qui est contestée.

"Pourquoi vouloir tout réduire à la couleur de la peau? N’est-ce pas raciste ?", demande Sylvain Tamba Kikuyu toujours sur Facebook, avant de préciser : "Vous avez le droit de critiquer l’hyper-sexualisation de ces stars mais n’attribuez pas cela a la couleur de leur peau car il y a des "blanches" qui font la même chose, voire même pire que les noires : Lady Gaga, Miley Cyrus, Madonna."

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"Ces filles savent qu’elles ont un physique qui plaît et elles le mettent en avant pour mieux vendre, c’est tout, complète Amadou Ba. L’esclavage n’a rien à voir dans tout ça. C’est juste du commerce, du marketing et du show-biz."

Ces réactions amènent plusieurs réponses :

D’abord il serait effectivement absurde de nier l’hyper-sexualisation des corps féminins (et masculins) des stars de la Pop, quelle que soit leur couleur de peau. Vous avez tout à fait raison de souligner que des vedettes blanches ont creusé ce filon elles aussi pour vendre plus. Mais il serait aussi extravagant de nier la place particulière des femmes de peau noire dans les clips de rap américain. Les "video girls" par exemple, ces modèles figurants dans les clips, sont noires dans leur immense majorité. L’idée que les rappeurs réaffirment la beauté des femmes noires – niée pendant l’esclavage – et qu’ils font référence à un cliché issu de l’esclavage, la "Jézabel" assoiffée de sexe, est la thèse des chercheurs français que nous avons interviewés, partagée par de nombreux intellectuels britanniques et américains.

Vous avez une nouvelle fois raison en soulignant que l’on ne doit pas tout réduire à la couleur de peau, mais comme nous l’expliquait Franck Freitas au CNRS : "on imagine difficilement, lorsque l’on ne vit pas sur le territoire américain, à quel point là-bas les imaginaires sont encore structurés par l’esclavage, et à quel point la couleur de peau reste un marqueur social et identitaire." Relayer ces réflexions ne vise évidemment pas à encourager une vision "raciale" de la société, mais à la déconstruire.

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