Tourisme sexuel : le procès du pédophile français aura-t-il des suites en Tunisie ?
Un pédophile français a été condamné mercredi à 16 ans de prison ferme pour le viol de plus d’une soixantaine d’enfants en Tunisie, en Égypte et au Sri Lanka. Ayant initialement refusé de participer à l’enquête, les autorités tunisiennes se sont depuis expliquées à ce sujet et n’excluent pas de nouvelles poursuites.
Un « chiffre affolant » pour une affaire « hors normes ». Au terme d’un procès éprouvant, la Cour d’assises des Yvelines a condamné le 22 juin Thierry Darantière, 52 ans, à de la prison ferme assortie d’un suivi socio-judiciaire pendant dix ans, d’une injonction de soins et d’une inscription au fichier des délinquants sexuels. 66 victimes au total, âgées de 6 à 17 ans, ont été identifiées, dont 41 en Tunisie. Si le Sri Lanka s’est montré coopératif dès le début, l’Égypte et la Tunisie n’ont pas répondu aux demandes d’entraide judiciaire internationale, ont déploré les enquêteurs. Pointées du doigt, les autorités tunisiennes sont enfin sorties de leur silence. Qu’ont-elles dit ? Que comptent-telles faire ? Que signifie ce procès pour le pays ?
Pas de poursuites sans plaintes
Le ministère public n’a reçu aucune plainte au sujet de cette affaire, a indiqué jeudi à l’agence TAP Sofiane Selliti, porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis. Ce qui explique, a-t-il ajouté, qu’aucune poursuite n’a pu être engagée par la partie tunisienne. Il a par ailleurs souligné que le jugement rendu par la justice française est un jugement de première instance, et que la partie tunisienne sera en mesure d’engager des poursuites dans cette affaire une fois le verdict final prononcé, à condition qu’au moins une victime ou sa famille dépose une plainte.
Samira Meraï, la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, avait indiqué le 21 juin sur Mosaïque FM que le gouvernement tunisien cherche à mieux comprendre cette affaire et utilisant notamment le système d’informations de son centre d’encadrement pour enfants (via les empreintes digitales).
Participation à une commission rogatoire internationale
Jeudi, le ministère de la Justice tunisien a confirmé suivre « de près » l’évolution et le travail d’une commission rogatoire internationale émise par les autorités françaises dans le cadre des poursuites engagées à l’encontre de Thierry Darantière, ajoutant avoir transféré cette commission au juge de liaison français en Tunisie pour suivre le déroulement de l’affaire. Par cette commission, la France autorise toute autorité judiciaire tunisienne à procéder en son nom à des mesures d’instruction ou à d’autres actes judiciaires.
Lever le voile sur un tabou
Pour le pédophile, la Tunisie fut le point de départ de sa longue série de viols et d’agressions sexuels sur des enfants. Alors en vacances dans le pays, il explique : « C’est eux qui venaient à moi. (…) ça correspondait à mon fantasme ».
Pendant le procès, l’avocat de Thierry Darantière a évoqué des pays qui « ferment les yeux sur la prostitution infantile ». « Est-ce une coïncidence si tous les pédophiles se rendent là-bas ? Il y a même des tours opérateurs qui proposent ce genre d’activité », a-t-il ajouté selon Metronews.
Cette affaire, l’une des rares du genre à avoir abouti, met en lumière la faible réglementation tunisienne concernant la prostitution infantile et le tourisme sexuel et met en exergue le silence coupable de la Tunisie pendant toutes ces années. L’heure pour les autorités et la société tunisienne de sortir de ce silence ?
S’il a déclaré de pas vouloir faire appel, Thierry Darantière a dix jours à compter du premier verdict pour entamer un recours.
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