Santé : 10 choses à savoir sur le cancer en Afrique

Le fléau du cancer n’est plus l’apanage des pays riches. Au contraire. Voici ce qu’il faut savoir de l’évolution de la maladie sur le continent africain.

Un bloc opératoire à Tunis. © Ons Abid pour J.A.

Un bloc opératoire à Tunis. © Ons Abid pour J.A.

Publié le 4 février 2015 Lecture : 3 minutes.

Le cancer n’est pas une maladie de pays riches, au contraire elle devient un fléau qui sévit de plus en plus dans les pays pauvres. Sur les huit millions de nouveaux cas de cancer enregistrés en 2012, plus de la moitié (57 %) l’ont été dans les pays les moins développés de la planète. On estime aussi que sur les 5,3 millions de morts liées à cette maladie, en 2012, plus de 67 % sont survenues dans ces mêmes régions. Et les prévisions pour les années à venir ne sont pas des plus optimistes : sur les près de 10 millions de décès dus au cancer à prévoir l’année prochaine près, de 7 millions surviendront dans les pays qui réalisent moins de 5 % de la croissance mondiale.

En Afrique, la tendance s’aggrave. Croissance et vieillissement de la population, urbanisation, incidence des maladies infectieuses comme le Sida, manque d’agents de santé formés à la cancérologie, insuffisance d’établissements et de matériels dédiés… Les professionnels de santé s’alarment et craignent que le cancer ne devienne "bientôt  la première cause de mortalité en Afrique". Réunis hier, à Paris, pour la 1ère Journée cancer en Afrique – dans le cadre du Congrès mondial des traitements anti-cancéreux (Icat-2015) -, douze cancérologues africains, ainsi que la ministre ivoirienne de la Santé, le docteur Raymonde Goudou Coffie, et plusieurs autres éminents spécialistes français, ont partagé leurs expériences et observations sur l’évolution actuelle de la maladie en Afrique.

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L’occasion de mettre en exergue quelques spécificités du cancer en Afrique subsaharienne :

1 . 645 000 nouveaux cas par an

Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) près de 645 000 nouveaux cas ont été enregistrés dans la région. Presque autant que dans la grande région dite de Méditerranée orientale (Maroc, Tunisie, Égypte, Libye, mais aussi la Jordanie, le Koweït etc…), qui en a compté 555 000.

2 . Les femmes sont plus touchées

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59 % des nouveaux cas sont des femmes et 55 % des morts dues au cancer, sont aussi des femmes, selon l’OMS. Un rapport de force inverse à celui qui existe, par exemple, en Europe, aux États-Unis ou en Chine.

3 . Absence de registre national 

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Il est donc difficile de comptabiliser tous les nouveaux cas et d’avoir des statistiques fiables sur les cancers les plus fréquents ou les types de populations les plus touchées. Néanmoins, des études sont menées sur le sujet, comme celle du professeur Charles Gombé, chef du service de cancérologie et de radiothérapie du centre hospitalier et universitaire (CHU) de Brazzaville, au Congo.

Ses conclusions :

4 . Les cancers représentent entre 10 et 20 % des pathologies sur le continent

5.  Les  45-55 ans sont les plus concernés

6. Les organes les plus touchés 

Chez l’adulte : le sein, le foie, la prostate, le col utérin et la peau. Chez l’enfant : les yeux, les reins, les os, le sang et les ganglions.

>> Lire aussi : Le cancer du sein, un "serial killer" africain |

7 . Cancers souvent induits par des virus qui dégénèrent

L’hépatite B, pouvant conduire au cancer du foie, le papillomavirus humain à celui du col de l’utérus ou encore le VIH, qui facilite l’installation d’un certain nombre de cancer.

8 . Certains cancers spécifiques au continent

Un exemple : celui de la plante du pied, devenu fréquent en zone rurale. "La raison, semble-t-il, c’est que beaucoup de personne s’y promènent pied nus. Les zones d’appuis sont alors régulièrement sujettes à des microtraumatismes qui peuvent créer des lésions qui dégénèrent en cancer", explique le Dr Gombé.

9 . Diagnostics tardifs

Toutes les études s’accordent sur ce point. La plupart du temps, les patients africains ne sont diagnostiqués qu’à un stade avancé (stade 2 ou 3) de la maladie. Des retards qui s’expliquent le plus souvent (39 % des cas) par le manque de spécialisation du personnel médical.

10 . Des taux de rémission très faibles

10 à 25 % en Afrique, contre 55 à 60 % dans les pays développés.  

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