Centrafrique : pourquoi les négociations pour la libération d’Armel Sayo piétinent

Cela fait maintenant près de dix jours qu’Armel Sayo, ministre de la Jeunesse et des Sports, est détenu par des membres d’une milice anti-balaka. Les négociations pour obtenir sa libération bloquent toujours. Explications.

Armel Sayo a été enlevé le 25 janvier à Bangui. © AFP

Armel Sayo a été enlevé le 25 janvier à Bangui. © AFP

VINCENT-DUHEM_2024

Publié le 4 février 2015 Lecture : 2 minutes.

Nous sommes le dimanche 25 janvier à Bangui. Il est environ 9 heures (heure locale). Comme chaque semaine, Armel Ningatoloum Sayo, accompagné de son épouse, Nicaise-Danielle, et de son frère cadet, Martial Louba, vient d’assister à la messe donnée par l’église protestante de Galabadjaune dans le VIIIe arrondissement de la capitale centrafricaine, quand son véhicule est bloqué par un taxi. Quatre hommes armés en sortent. Tirs de sommation. Le ministre, un capitaine des Forces armées centrafricaines (Faca) et ancien rebelle, tente de les raisonner. Rien n’y fait, les ravisseurs l’emmènent non sans avoir récupéré son téléphone et des effets personnels appartenant à sa famille.

>> Pour aller plus loin : François Toussaint, un mercenaire belge sans foi ni loi

la suite après cette publicité

L’enlèvement intervient deux jours après la libération de la travailleuse humanitaire française et d’un religieux centrafricain. Les autorités prennent la chose à bras le corps. Un conseil de sécurité se réunit autour de la présidente de transition Catherine Samba-Panza. 

Dix jours plus tard, les négociations – menées à Bangui par le ministre de la Sécurité, l’archevêque de Bangui et Monseigneur Nzapalainga, et Ngaissona se poursuivent, mais n’ont guère avancé. Le ministre de la Jeunesse et des Sports est détenu dans la banlieue de Bangui. "Il est difficilement localisable parce que ses ravisseurs changent de planque régulièrement", raconte un proche des négociations.

>> Lire aussi : le ministre de la Jeunesse et des Sports, Armel Ningatoloum Sayo, a été kidnappé à Bangui

Les ravisseurs, auxquels serait lié un membre de la famille du général autoproclamé "Andilo", exigent une rançon (4,5 millions de FCA selon nos informations) beaucoup trop importante aux yeux de l’ensemble des parties prenantes. Mais les choses sont plus complexes. "Ceux qui ont commandité l’enlèvement prennent leur ordre de Nairobi", où se tiennent depuis décembre des négociations informelles entre les leaders des groupes armés centrafricains, explique un conseiller de Catherine Samba-Panza. Après avoir sollicité son homologue kényan pour accueillir ces pourparlers, le président congolais, Denis Sassou Nguesso, a fait marche arrière et s’est opposé à l’accord signé.

la suite après cette publicité

>> Lire aussi : Denis Sassou Nguesso fait marche arrière et désavoue l’accord signé à Nairobi

Cette volte-face, couplée avec le rejet de l’Afrique centrale, a contraint les participants à revoir leurs demandes. Certains représentants anti-balaka présents à Nairobi conditionneraient maintenant la libération du ministre des Sports à la nomination de nouveaux représentants au sein du gouvernement…

la suite après cette publicité

Autre difficulté, le cas Sayo semble diviser la délégation des anti-balaka présente dans la capitale kenyane. L’un d’entre eux, Joachim Kokaté, le connaît bien, les deux sont issus de la même promotion de l’École des officiers de Bangui. Ce dernier, qui occupe le poste de ministre conseiller à la Primature chargée du DDR (Désarmement, démobilisation et désarmement) et a récemment effectué un rapide aller-retour à Paris, tente de faire pression sur les ravisseurs. Pas facile quand, si l’on en croit les informations des autorités centrafricaines, c’est un autre membre de la délégation qui aurait téléguidé l’enlèvement…

_________________

Par Vincent DUHEM

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires