Pour son cinquième anniversaire, le Soudan du Sud annule sa fête d’indépendance

Le Soudan du Sud a annoncé mardi que le pays ne célébrera pas le cinquième anniversaire de son indépendance, prévu le 9 juillet.

Un enfant portant un bébé dans le camps de réfugié de Malakal, dans le nord-est du Soudan du Sud, le 14 juin 2016. © AFP

Un enfant portant un bébé dans le camps de réfugié de Malakal, dans le nord-est du Soudan du Sud, le 14 juin 2016. © AFP

Publié le 28 juin 2016 Lecture : 3 minutes.

L’absence de célébrations pour fêter la naissance du plus jeune pays du monde – c’était le 9 juillet 2011 -, est avant tout due à une économie exsangue forçant les autorités à plus de sobriété, a précisé le ministre sud-soudanais de l’Information, Michael Makuei, le 28 juin.

« Nous avons décidé de ne pas célébrer le jour de l’indépendance, le 9 juillet, parce que nous ne souhaitons pas dépenser trop d’argent », a-il déclaré, précisant que le chef de l’État, Salva Kiir, s’adressera néanmoins à la nation.

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Affrontements meurtriers

Cette annonce intervient après des affrontements meurtriers ce week-end, à Wau, ville située à 650 kilomètres au nord-ouest de la capitale, Juba. Selon l’armée, ces heurts ont été provoqués « par des éléments opposés à la paix et soutenus par des combattants tribaux ».

Pour l’instant, l’armée fait état de 43 morts (39 civils et 4 policiers). « Ce sont les corps qui ont été retrouvés jusqu’à présent, mais le nettoyage continue », a indiqué le ministre Makuei. « Le bilan va probablement s’alourdir », a-t-il prévenu.

Les années précédentes, même au plus fort de la guerre civile débutée en décembre 2013 et caractérisée par des atrocités à caractère ethnique, des viols et des tortures, la fête de l’Indépendance avait été marquée par des parades militaires et autres célébrations.

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Poursuite des combats

Deux mois après le retour de l’ex-rebelle Riek Machar à Juba, les combats se poursuivent en divers endroits du pays entre des milices aux intérêts souvent locaux et ne s’estimant pas concernées par l’accord de paix signé le 26 août 2015.

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Les tensions restent vives au sein du pouvoir sud-soudanais. Salva Kiir et Riek Machar, qui a pris ses fonctions de vice-président, ont beau avoir formé un gouvernement d’union nationale, comme prévu par l’accord, les deux camps restent à couteaux tirés, incapables de s’entendre sur les lieux de cantonnement de leurs armées respectives.

160 000 déplacés

Au total, plus de 160 000 civils sont actuellement établis dans des camps de l’ONU à travers le pays. Au plus fort de la guerre civile, qui a fait des dizaines de milliers de morts (le bilan exact reste inconnu) et plus de 2,3 millions de déplacés, ils étaient environ 200 000.

« Il est d’une importance cruciale que les deux parties s’engagent à un cessez-le-feu permanent, et qu’ils s’y tiennent sans retard », a déclaré la semaine dernière l’ancien président du Botswana, Festus Mogae, qui préside la Commission de surveillance et d’évaluation de l’accord de paix (JMEC).

Les progrès espérés par l’accord de paix « ne se sont pas matérialisés » et « si les parties ont bougé l’une par rapport à l’autre, c’est uniquement pour s’éloigner », a ajouté Festus Mogae.

Une économie exsangue

Après deux ans de guerre civile, l’économie sud-soudanaise est en ruine. Le déficit budgétaire devrait atteindre 25% du PIB (1,1 milliard de dollars), l’inflation atteint 300% et depuis décembre 2015, la livre sud-soudanaise a chuté d’environ 90%.

Résultat, les réserves de la Banque centrale du pays « sont désormais à peine suffisantes » pour assurer les importations du pays « pendant quelques jours », estime le Fond monétaire international (FMI). À Juba, des diplomates assurent que le pays a emprunté de l’argent contre la promesse d’une production future de pétrole.

Parallèlement, le Conseil de sécurité de l’ONU a ordonné fin mai un rapport sur l’acheminement en armes vers le Soudan du Sud après que des experts lui ont indiqué que gouvernement et rebelles continuaient chacun d’augmenter leur arsenal.

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