Malgré la crise, les entrepreneurs tunisiens restent optimistes

Optimistes concernant le développement interne de leur entreprise, pessimistes sur la conjoncture économique nationale. Tel est l’état d’esprit des entrepreneurs tunisiens aujourd’hui, selon un baromètre 2016 publié à Tunis par le cabinet d’audit et de conseil EY.

Vue des atéliers d’Aérolia, filiale d’Airbus Group, est spécialisé dans la fabrication de structures aéronautiques et la sous-traitance. © Ons Abid pour Jeune Afrique

Vue des atéliers d’Aérolia, filiale d’Airbus Group, est spécialisé dans la fabrication de structures aéronautiques et la sous-traitance. © Ons Abid pour Jeune Afrique

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Publié le 29 juin 2016 Lecture : 3 minutes.

Si plus de la moitié (51 %) des patrons interrogés dans le baromètre 2016 des entreprises en Tunisie ont vu leur chiffre d’affaire croître en 2015, ils ne sont que 40 % à prévoir une hausse cette année, contre 50 % dans la précédente édition de cette étude, en 2014. Environ 11 % d’entre eux tablent sur une forte baisse de leurs ventes (contre 2 % en 2014).

Malgré ces prédictions moroses, l’édition 2016 de ce baromètre [PDF], réalisé par le cabinet EY et rendu public cette semaine à Tunis, signale un certain optimisme de la part des dirigeants de sociétés sondés. Un optimisme vis-à-vis de leurs entreprises et de leurs équipes, fortement tempéré par leurs inquiétudes quant à la situation générale de la Tunisie.

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Craintes au sujet de l’environnement économique et social

Si 55 % des entrepreneurs tunisiens interrogés tablent sur une amélioration de la situation économique du pays cette année (contre 53 % en 2014), ils sont néanmoins 8 % à craindre une dégradation, deux fois plus qu’en 2014. Pour les entreprises ayant connu un chiffre d’affaires en baisse en 2015, les perspectives paraissent plus sombrent : seulement un tiers d’entre elles prévoient une amélioration cette année.

Pis, environ un tiers des entrepreneurs sondés n’envisagent pas une amélioration de la situation économique et sociale en Tunisie avant cinq ans. Les sondés n’étaient que 12 % à envisager une période aussi longue en 2014.

« L’ambivalence est probablement le mot qui sied à la situation des entreprises implantées en Tunisie. Optimistes, elles le sont, puisque leur activité commerciale est favorablement orientée. Pessimistes, elles le sont également à travers le regard sévère qu’elles portent sur les perspectives d’évolution de la situation politique, mais surtout économique et sociale de notre pays », résume Sami Zaoui, associé chez EY à Tunis.

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Parmi les facteurs externes pouvant directement affecter les perspectives de croissance de leur entreprise, les patrons sondés citent en premier l’évolution de la conjoncture économique et sociale (67 %), suivie immédiatement des risques sécuritaires (65 %), de l’environnement politique (52 %) et de la géopolitique régionale (45 %).

Amélioration en interne

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Face à un contexte nationale incertain, les entreprises tunisiennes misent surtout sur elles-mêmes pour se développer.

Environ 63 % des patrons sondés ont mis en place un programme d’amélioration des processus de distribution, de production et d’approvisionnement pour solidifier leur activité. Interrogés sur les sources de croissance de leur chiffre d’affaires, 48 % des entrepreneurs tunisiens affirment qu’elle est liée à l’amélioration de leurs produits, quand 33 % d’entre eux citent en premier l’amélioration des forces de vente.

Ils sont toutefois nombreux à regretter les trop longs délais de paiement des clients (40%) et la fluctuation importante des taux de changes (41%) qui pèsent le plus négativement sur la trésorerie des entreprises.

« Les entreprises tunisiennes se renforcent en interne en misant sur une révision de la stratégie et des optimisations des processus, mais la conjoncture tend à les rattraper et à étouffer leurs élans », décrypte Faez Choyak, spécialiste fiscalité chez EY.

L’appel de l’international

Parallèlement, les entreprises tunisiennes envisagent de se tourner vers le continent africain : 56 % des sondés investissent ou envisagent de le faire (sans précision de délai) au Maghreb et 46 % en Afrique subsaharienne. «[S]i les intentions d’investissement se réalisent, plus d’une entreprise enquêtée sur deux aura une présence dans un pays du Maghreb, et près d’une sur deux en Afrique subsaharienne [contre 36 % et 20 % aujourd’hui]. L’internationalisation de nos entreprises ne serait donc plus un mythe», s’enthousiasme le baromètre 2016 de EY.

Pour les besoins de l’enquête, le cabinet EY a consulté 88 groupes et entreprises représentant 136 000 salariés et totalisant un chiffre d’affaires de 16 milliards de dinars (6,5 milliards d’euros).

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