« Retourne en Afrique ! » : après le Brexit, un esclandre raciste émeut la Toile
En larguant les amarres, après le Brexit, certains Britanniques cèdent aux propos xénophobes, voire anti-africains, comme en témoigne une vidéo raciste filmée dans un tramway. Les Africains expriment pourtant de l’inclination pour le comportement politique du Premier ministre démissionnaire de Grande-Bretagne…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 30 juin 2016 Lecture : 3 minutes.
« Brexit » : directement inscrit dans les brouillons des prochains livres d’histoire, le néologisme est entendu distraitement sur un continent africain encore peu doué pour l’intégration régionale. À peine quelques spécialistes de la finance observent-ils les conséquences immédiates du retrait britannique de l’Union européenne sur le cours de certaines monnaies africaines, essentiellement celles de membres du Commonwealth comme l’Afrique du Sud, le Nigeria ou le Kenya. Quant à la centaine d’accords commerciaux entre le Royaume-Uni et les pays africains -à renégocier car conclus sous couvert de l’Union européenne-, elle n’inquiète pour l’heure que quelques compagnies spécialisées dans l’exportation.
Esclandre raciste
Rien de tel qu’une vidéo virale pour faire se dresser des oreilles ensommeillées par les lointains débats sur le Brexit. Publiée mardi matin sur les réseaux sociaux, soit quelques jours après le référendum, un esclandre raciste fait écho aux arguments anti-immigration qui truffèrent exagérément la campagne référendaire. Filmée avec un téléphone portable, la scène se déroule dans un tramway de Manchester.
Retourne en Afrique ! »
On y voit un homme aux origines assez difficiles à déterminer, mais manifestement identifié comme « africain » par deux jeunes Anglais. Et pleuvent les invectives: « Retourne en Afrique ! », « Sois expulsé, t’es un bouffon ! Descends du tram, tout de suite ! » ou encore « Me parle pas, t’es même pas d’Angleterre ». S’approchant de leur victime du jour, les agresseurs l’aspergent de bière, avant de ressentir la désapprobation des autres passagers et de descendre du tramway. Entre temps, évaluant l’âge des fielleux, « l’Africain » rétorquera qu’il est « en Angleterre depuis plus longtemps » qu’eux.
Est-ce le résultat du référendum, perçu comme une volonté du Royaume-Uni de se recroqueviller sur lui-même, qui a délié la langue de ces passagers haineux ? Ils ne se plaignent sans doute guère des peaux d’ébènes, lorsque celles-ci permettent d’obtenir des résultats sportifs. Cela dit, la veille de la mise en ligne de la vidéo, l’Angleterre se voyait signifier son « exit », non pas de l’UE, mais de l’Euro de football…
#IfDavidCameronwasAfrican
Au Royaume-Uni, les résidents au faciès d’immigrés sont peut-être rassurés par la réaction populaire qui, du tramway concerné aux réseaux sociaux, qualifie l’incident de « honte de l’Angleterre ». Tout comme la police de Manchester qui évoque « Un étalage d’insultes indignes qui n’a pas sa place dans la société ». Tout comme le Premier ministre David Cameron qui dénonce les « actes racistes ignobles contre les immigrés et les minorités ethniques au Royaume-Uni ».
C’est d’ailleurs David Cameron qui constitue la deuxième accroche britannique dans les palabres numériques africaines. L’annonce de sa démission consécutive au référendum, a suscité nombre de comparaisons avec la classe politique africaine, parallèles qui se sont manifestés sur Twitter par l’émergence du hashtag #IfDavidCameronwasAfrican («Si David Cameron était africain»).
Comment aurait réagi un dirigeant africain, face à un tel désaveu référendaire ? Les internautes ont leur avis : « si David Cameron était Africain, il n’aurait jamais démissionné », les politiciens du continent noir étant réputés pour s’accrocher à leur poste comme une moule sur son rocher. Et chaque twittos d’extrapoler le hashtag à sa sauce : «Si David Cameron était africain, les urnes auraient été truquées par des puissances étrangères. Les résultats électoraux auraient été annulés et l’état d’urgence déclaré». Et s’il n’avait pas osé aller jusqu’à cette extrémité, le Premier ministre aurait, au moins, « coupé la connexion Internet »…
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