Nigeria : « On peut espérer une reprise au second semestre »

En adoptant un régime de change plus flexible, le 20 juin, la Banque centrale du Nigeria (CBN) a pris la décision qu’il fallait.

Vue de Lagos, capitale économique du Nigeria. © Clara Sanchiz /Flickr

Vue de Lagos, capitale économique du Nigeria. © Clara Sanchiz /Flickr

David Cowan

Publié le 11 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

Il y avait urgence. La crainte d’un risque de récession anime les débats, mais, dans les faits, le Nigeria est déjà en récession. La définition classique de ce phénomène – deux trimestres consécutifs de croissance négative – ne s’applique pas vraiment dans ce cas, alors que la population croît de plus de 2 % par an et que le taux de croissance du PIB est au-dessous de 2 %. De fait, le recul du taux de croissance du PIB nigérian (- 0,36 %) au premier trimestre est un choc.

Et les chiffres du deuxième trimestre s’annoncent très mauvais. Mais on peut espérer une reprise durant la seconde moitié de l’année, avec une croissance marginale au troisième trimestre et un rebond au quatrième, grâce à une reprise du secteur industriel, de l’agriculture et des services.

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Les facteurs d’un recul généralisé

Avec l’introduction d’un régime de change plus flexible et d’un marché à terme – ce qui est une première -, la Banque centrale a tenu compte de la réalité économique. Le contrôle des devises et le maintien de la parité fixe, instaurés en théorie pour limiter l’inflation, n’ont pas eu l’effet escompté. Et l’inflation a déjà atteint son plus haut niveau en six ans, à 15,6 % en mai. La production industrielle ayant également été limitée par le manque de devises, environ 4 milliards de dollars (3,6 milliards d’euros) attendus par les entreprises ont enfin été débloqués par la CBN.

Adopté avec un certain retard, le budget 2016 misait sur un cours du naira de l’ordre de 197 unités pour un dollar et une production de 2,2 millions de barils de brut par jour. Désormais, le cours du naira devrait se stabiliser autour de 240-250 unités pour un dollar alors que la production de pétrole a ralenti autour de 1,89 million de barils par jour. La plupart des hypothèses du budget devront être revues.

La dépense publique représente environ 10 % du PIB, contre 20 % en moyenne en Afrique subsaharienne.

Le vaste programme d’investissement prévu, de l’ordre de 1 800 milliards de nairas (5,7 milliards d’euros), ne devrait être réalisé qu’à moitié. Et les craintes d’une explosion du déficit public, évoquées par plusieurs acteurs économiques, ne paraissent pas vraiment justifiées.

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En fait, le gouvernement nigérian pourrait investir beaucoup plus. La dépense publique, dont une grande part sert au financement des salaires, représente environ 10 % du PIB, contre 20 % en moyenne en Afrique subsaharienne. En attendant, pour renforcer la croissance, le gouvernement fédéral devrait renflouer les États de la fédération afin que ceux-ci puissent payer les arriérés de salaires des fonctionnaires locaux, ce qui relancerait la consommation.

Une étape difficile pour les pays subsahariens

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Au-delà du cas nigérian, c’est une grande partie de l’Afrique subsaharienne qui souffre depuis le début de cette année.

L’Afrique du Sud, qui avec le Nigeria représente une grosse moitié du PIB de la région, s’oriente elle aussi vers une récession. L’une des désillusions de 2016, c’est que le rebond attendu dans les pays africains importateurs de pétrole, vu la crise que connaît le secteur des hydrocarbures, n’a pas eu lieu. La croissance du Kenya, par exemple, est un peu en dessous des attentes. Mais certains pays, comme la Côte d’Ivoire ou le Sénégal, réalisent des performances intéressantes.

Ce qu’on peut espérer pour cette zone est que l’inflation se maintienne à des niveaux modérés et que la production reprenne progressivement au cours des prochains mois. Cela augurerait d’une reprise économique à partir de 2017.

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