Crimes en Érythrée : l’ONU appelle l’Union africaine à juger les responsables

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a dénoncé vendredi les abus et crimes contre l’humanité commis par le gouvernement érythréen et demandé à l’Union africaine (UA) de poursuivre les responsables en justice.

Le président de l’Érythrée, Isaias Afwerki, arrive à l’aéroport Mitiga de Tripoli, pour le 3e sommet de l’Union européenne et de l’Afrique les 29 et 30 novembre 2010. © Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA

Le président de l’Érythrée, Isaias Afwerki, arrive à l’aéroport Mitiga de Tripoli, pour le 3e sommet de l’Union européenne et de l’Afrique les 29 et 30 novembre 2010. © Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA

Publié le 1 juillet 2016 Lecture : 2 minutes.

Dans une résolution adoptée le 1er juillet, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a condamné avec la plus grande fermeté les violations systématiques, généralisées et flagrantes des droits de l’homme, commises par le régime d’Isaias Afewerki.

Le texte, soumis par la Somalie et Djibouti et adopté à Genève par les 47 États membres du Conseil, s’appuie sur le rapport accablant de la Commission d’enquête sur les violations des droits de l’homme en Érythrée publié le 8 juin dernier, dans lequel celle-ci pointait du doigt les crimes contre l’humanité commis de manière systématique au cours de ces vingt-cinq dernières années.

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Le procès Habré peut servir d’exemple

Dans sa résolution, le Conseil encourage l’Union africaine à ouvrir une enquête, soutenue par la communauté internationale et à poursuivre les responsables en justice. L’UA ne dispose pas de tribunal propre.

Mais les défenseurs des droits de l’homme considèrent que la condamnation à perpétuité début juin de l’ex-président tchadien Hissène Habré pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre par un tribunal spécial africain peut servir de référence à l’avenir.

Les autorités érythréennes rejettent ces accusations

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Le représentant de l’Érythrée, Yemane Ghebreab, a accusé le Conseil des droits de l’homme de commettre une grave injustice à l’encontre du peuple érythréen et jugé que la résolution allait être utilisée par certains pour ranimer les flammes de la guerre.

Plus tôt cette semaine, l’Érythrée avait déjà dénoncé ce rapport qui sert, selon elle, les intérêts de son grand rival l’Éthiopie, qui après de violents combats frontaliers le 12 juin, a menacé de déclencher « une guerre totale » contre l’Érythrée si l’attitude de ce dernier ne change pas.

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« On diabolise un pays et après on l’attaque, c’est ce qu’on a vu en Irak et en Libye, a déclaré cette semaine son ambassadrice à Paris », Hanna Simon. Pour la diplomate, le rapport de la Commission d’enquête est vide et à charge et s’inscrit dans une campagne globale de l’Éthiopie et ses alliés, dont les États-Unis contre l’Érythrée.

300 000 à 400 000 conscrits réduits en esclaves, selon l’ONU

Le Conseil a appelé par ailleurs l’Érythrée à autoriser la création de partis politiques et organiser à tous les niveaux des élections démocratiques qui soient libres, équitables et transparentes.

Il a aussi demandé au gouvernement de mettre fin au service militaire illimité, qui, selon la commission d’enquête, a transformé quelque 300 000 à 400 000 Érythréens en esclaves.

La résolution exhorte d’autre part la communauté internationale à protéger les réfugiés érythréens, en particulier les enfants non accompagnés. Selon l’ONU, environ 5 000 Érythréens quittent chaque mois leur pays en quête d’une vie meilleure.

Le régime au pouvoir est notamment accusé de retenir dans ses geôles des milliers de prisonniers politiques et l’Érythrée est moins bien positionnée que la Corée du Nord dans le classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.

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