Présidentielle en RD Congo : la Ceni choisit Gemalto pour la révision du fichier électoral
Le groupe européen spécialisé dans la sécurité numérique Gemalto va déployer sa solution d’identification biométrique pour la modernisation du fichier électoral en RD Congo.
La modernisation du fichier électoral est l’une des questions les plus sensibles de l’organisation de la prochaine présidentielle en RD Congo, prévue pour fin 2016 mais dont le report paraît chaque jour plus probable. Un pas important vers ce scrutin vient cependant d’être franchi, puisque Gemalto, groupe européen spécialisé dans les solutions de sécurité numérique, a annoncé lundi 4 juillet dans un communiqué avoir été choisi par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour fournir les solutions d’enrôlement des futurs électeurs.
Gemalto se félicite ainsi d’une opération au cours de laquelle quelque 22 000 kits portables d’enregistrement biométrique seront livrés. « Ce processus permettra à la fois d’ajouter les nouveaux électeurs éligibles au registre électoral, de nettoyer et mettre à jour les dossiers existants avant les échéances électorales », « en particulier de détecter et d’éliminer les doublons », explique le document. « Nous cherchions un partenaire de confiance pour rendre possible cet ambitieux programme, qui devrait permettre d’enregistrer jusqu’à 45 millions d’électeurs », s’est réjoui de son côté Corneille Nangaa, le président de la Ceni.
Quel calendrier ?
Aucun calendrier pour l’opération ni aucun détail sur le budget de ce chantier gigantesque n’ont été donnés. La révision du fichier électoral est l’un des principaux points d’achoppement entre l’opposition et le pouvoir congolais. Constitué en 2005 et révisé une première fois en 2011, le fichier électoral qui contient quelque 30,5 millions d’électeurs, n’a jamais été réellement actualisé.
Les nouveaux majeurs (entre 6 et 8 millions de personnes) n’ont ainsi jamais été enregistrés et les Congolais de l’étranger, qui possèdent le droit de vote depuis la réforme de la loi électorale en janvier 2015 n’ont pas été enrôlés. Par ailleurs, un audit de la Ceni et de l’Organisation mondiale de la francophonie (OIF) a mis au jour quelque 1,3 million de doublons.
Des « simulations » internes au sein de la Ceni avaient indiqué au début de l’année qu’une révision partielle du fichier électoral durerait « 13 mois et 10 jours » pour un budget estimé à près de 123 millions de dollars. Mais en cas d’une révision totale, l’opération durerait au moins 16 mois et un jour. En février dernier, la Ceni avait déclaré que le scrutin présidentiel, prévu initialement fin novembre, ne pourrait être organisé sans révision en amont du fichier électoral. Un processus toutefois impossible à tenir dans le délai constitutionnel, d’où un « glissement » prévisible du calendrier électoral.
Gemalto et l’Afrique
Gemalto est très impliqué en Afrique. La Guinée et le Gabon ont déjà eu recours à Coesys, la solution d’enrôlement et de vérification d’identité de Gemalto, pour la modernisation de leur fichier électoral. En 2009, le groupe européen basé à Amsterdam avait également été choisi par Libreville pour le déploiement du programme national de carte de santé électronique lancé par la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale du Gabon (CNAMGS).
Parmi les contrats remportés auprès des pays africains par le groupe figurent aussi la réalisation des passeports biométriques au Maroc, en Algérie et en Afrique du Sud, des cartes de sécurité sociale en Tunisie et en Algérie, des cartes d’identité biométriques au Nigeria, en Algérie et en Afrique du Sud… Le Ghana et le Gabon ont également opté pour sa solution de contrôle aux frontières.
La multinationale compte des bureaux à Libreville, Johannesburg, Rabat et Abidjan. En 2014, son chiffre d’affaires a atteint 2,46 milliards d’euros, pour un résultat net de 221 millions d’euros.
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