Maroc : polémique sur l’importation de 2500 tonnes de déchets en provenance d’Italie

Alors que la la Cop22 doit se tenir à Marrakech dans cinq mois, la polémique enfle autour de l’importation par le royaume de 2 500 tonnes de déchets en provenance d’Italie, destinés à être incinérés sur son sol. Les signataires d’une pétition demandent des comptes à leur gouvernement.

En matière de gestion des déchets, l’Italie fait figure de mauvais élève. © Capture d’écran/YouToube

En matière de gestion des déchets, l’Italie fait figure de mauvais élève. © Capture d’écran/YouToube

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 4 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

« Le Maroc n’est pas la poubelle de l’Italie », scandent les internautes marocains sur les réseaux sociaux. Depuis qu’ils ont découvert que leur pays a importé plus de 2500 tonnes de déchets en provenance d’Italie en vue de les incinérer près de la ville d’El Jadida (90 km au sud de Casablanca), ils ne décolèrent pas. « Mobilisons-nous pour éviter la combustion de ces déchets sur notre territoire ! », encourage une pétition mise en ligne le 1er juillet qui a déjà récolté plus de 9 200 signatures.

« Le ministère de l’Environnement a signé un contrat d’importation de déchets italiens, principalement en provenance de la région de Campanie à Naples dans une décharge nommée Taverna Del Re, sur une période de trois ans et dont la quantité totale s’élève à 5 millions de tonnes. Ces déchets sont néfastes à la santé des citoyens pour diverses raisons, d’abord de par leur accumulation depuis 2007. Ensuite de par leurs composantes toxiques tels que les métaux et autres », lit-on dans cette pétition.

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Les paradoxes du Maroc écolo

À l’approche de la Cop 22 et alors que la loi interdisant les sacs en plastique est entrée en vigueur, les Marocains ne comprennent pas ce qu’ils considèrent comme des contradictions de la part de leur gouvernement en matière de préservation de l’environnement. Réagissant à leur indignation, le ministère de l’Environnement, dirigé par Hakima El Haité, ambassadrice de la Cop 22 à l’international, brandit l’argument juridique. « Cette importation est conforme à la loi et elle se fait en collaboration avec l’Association professionnelle des cimentiers (APC) en vertu d’une convention qui trace les mesures et les conditions d’importation de ce type de déchets et leur utilisation comme combustibles dérivés dans les fours des cimenteries équipées de filtres et d’appareils de mesure des émissions atmosphériques », se défend le ministère dans un communiqué publié le 30 juin. D’après ce document, il s’agit de déchets de type « RDF », c’est-à-dire non dangereux et utilisés en tant que combustible de substitution à l’énergie fossile classique dans les fours de cimenteries à l’échelle internationale.

Un souci de transparence

Pourtant, la Coalition marocaine pour la justice climatique (CMJC), qui regroupe pas moins de 200 associations, n’est pas du tout rassurée. « C’est un grand problème qui vient d’être soulevé « , soupire Kamal Lahbib, membre de la Coalition. Il appelle le gouvernement à rendre publique la Convention signée entre les cimentiers marocains et le ministère en charge de l’Environnement les autorisant à importer ces déchets. « On ne sait pas si cette convention avec les cimentiers a été soumise à évaluation depuis sa signature en 2003 et si les opérations d’incinération sont contrôlées pour vérifier leur respect des normes internationales », explique-t-il.

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En outre, la convention de Bâle sur le contrôle transfrontalier des déchets dangereux exhorte les pays producteurs de déchets à les traiter chez eux. « Pourquoi l’Italie ne les a-t-elle pas incinérés chez elle? Pourquoi les a-t-elle transférés vers le Maroc ? », s’interroge notre source.  

Un dossier sulfureux

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Ces déchets – composés de plastique et de pneumatique – proviennent de la région de Naples, là où avait éclaté en 2013 le scandale du réseau d’éparpillement illégal mis en place par la mafia locale. En 2015, principalement à cause de ce scandale, l’Italie a été condamnée par la Cour de justice de l’Union européenne à payer 20 millions d’euros et à s’acquitter de 120.000 euros d’astreintes journalières pour sa gestion défaillante des déchets.

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