Kadhafi, Obiang, Mugabe… ces présidents de l’Union africaine qui font polémique
Robert Mugabe est, à 90 ans, le nouveau président en exercice de l’Union africaine. Une nomination qui a suscité beaucoup d’inquiétudes, comme d’autres avant lui. Souvenez-vous.
Ce n’est guère une surprise, tant la personnalité de Robert Mugabe n’a jamais poussé au consensus. Quelques heures après sa désignation à la tête de l’Union africaine (UA), le chef de l’État zimbabwéen a suscité de vives critiques. "Il est incroyablement décevant que Robert Mugabe ait été nommé président de l’Union africaine", a ainsi affirmé, dès vendredi 30 janvier au soir, Rick Roth, directeur des communications du Ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird.
"Le Canada a à cœur ses relations en Afrique, sans aucun doute, mais cette nomination ternit le bon travail que cette organisation a entrepris au cours des dernières années. Nous croyons que les nations africaines, dans leur ensemble, sont au-dessus du genre de nature maniaque de ce dictateur brutal, qui a longtemps réprimé les libertés et la dignité de son propre peuple", ajoute-t-il.
Des diplomates ont quant à eux évoqué un "hasard malheureux", Robert Mugabe tenant régulièrement des propos chocs, notamment vis-à-vis des homosexuels, disant d’eux qu’ils sont "pires que des chiens ou des cochons". Surtout, Robert Mugabe est sous le coup de sanctions américaines et européennes et, si Bruxelles a suspendu la plupart des mesures restrictives qui frappaient le pays, elle a maintenu celles visant spécifiquement le chef de l’État et son clan. Y compris l’interdiction de voyager. Ce qui risque de compliquer la représentation de l’UA à l’international, dans les réunions du G8 ou du G20 par exemple.
Robert Mugabe n’est pas le premier à susciter la polémique. Voici quelques-uns de ses prédécesseurs qui ont également été la cible de critiques.
Mohamed Ould Abdel Aziz, en janvier 2014, a lui aussi eu une prise de pouvoir houleuse, notamment parce qu’il est l’auteur du premier coup d’État intervenu après l’adoption par l’UA de sa charte pour la démocratie et les élections. L’image de la Mauritanie est également ternie ponctuellement par les dénonciations faites par les défenseurs de la lutte contre l’esclavage.
En février 2011, la nomination de Teodoro Obiang Nguema avait également été critiquée par l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch. "Le règne d’Obiang sur la Guinée équatoriale se caractérise par un bilan désastreux en matière de violation des droits de l’homme et de corruption qui, de fait, incarnent l’exact opposé de ce que l’UA cherche à promouvoir sur le continent", estimait alors l’ONG.
Le défunt Mouammar Kadhafi n’avait pas suscité moins de doutes lors de son élection en 2009, à la présidence tournante. Le chef de l’État libyen avait notamment fait passer à ses pairs présents au sommet un message demandant à être officiellement appelé "roi des rois traditionnels d’Afrique". Le chantre des "États-Unis d’Afrique" paraissait un peu trop encombrant aux yeux de beaucoup.
L’organisation a également, à trois reprises, décidé de bloquer l’accession d’un président africain à sa tête. En 2010, elle avait ainsi déjoué la tentative du Libyen Mouammar Kadhafi d’obtenir un second mandat. En 2006 et en 2007 surtout, elle avait empêché le Soudanais Omar el-Béchir, d’accéder au poste en raison de son implication dans les massacres du Darfour. Celui-ci est notamment visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale.
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Par Mathieu OLIVIER
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