Le monde musulman indigné par un attentat suicide dans la ville sainte de Médine

Les autorités musulmanes ont condamné mardi avec force l’attentat suicide sans précédent perpétré lundi soir en Arabie saoudite, près de la Mosquée du Prophète à Médine, deuxième ville sainte de l’islam après La Mecque.

La police saoudienne près du consulat américain à Jeddah, le 4 juillet 2016. © AFP

La police saoudienne près du consulat américain à Jeddah, le 4 juillet 2016. © AFP

Publié le 5 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

Cette attaque dans la deuxième ville sainte de l’islam après La Mecque, perpetrée à la veille de la fin du ramadan, a provoqué l’indignation générale des responsables sunnites comme chiites, jusqu’en Iran, grand rival régional de l’Arabie saoudite.

Le comité des oulémas saoudiens, la plus haute autorité religieuse du royaume, a qualifié les responsables de l’attentat de « renégats qui ont violé tout ce qui est sacré ». De son côté, le président de Majlis al-Choura (Conseil consultatif), Abdallah al-Cheikh, a souligné que « ce crime répugnant ne peut venir d’une personne ayant la moindre foi ».

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Al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite, basée au Caire, a également condamné cet acte avec force et rappelé la « sacralité des lieux saints, particulièrement la mosquée du prophète ». Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a quant à lui condamné « un acte lâche » et appelé à « l’intensification de la coopération contre le terrorisme ».

Il n’y a plus de ligne rouge pour les terroristes

En Irak, où un attentat-suicide perpétré dimanche à Bagdad a fait plus de deux-cents morts, le ministère des Affaires étrangères a estimé que ces attentats « témoignent de l’idéologie déviante que portent les bandes takfiries (extrémistes sunnites, NDLR) comme Daesh » (acronyme arabe de l’État islamique) ».

En Turquie, précédemment frappé le 28 juin par un triple-attentat suicide dans l’aéroport Atatürk de la métropole d’Istanbul qui a tué 41 personnes et fait 239 blessés, le Premier ministre a dénoncé « le terrorisme [qui] ne fait pas de distinction entre les religions, les peuples et les valeurs sacrées ».

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Même les talibans afghans ont dénoncé « un acte d’inimitié et de haine » qui ne peut « être acceptable ou tolérable ». « Ce crime doit inciter les musulmans à le combattre physiquement et intellectuellement », a ajouté le mouvement dans un communiqué cité par SITE, le centre américain de surveillance des sites islamistes.

L’Iran chiite a pour sa part condamné « fermement le terrorisme sous toutes ses formes et partout dans le monde » et appelé à « l’unité internationale et régionale contre ce phénomène », selon les propos de Bahram Ghassemi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Pour Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne, « il n’y a plus de ligne rouge pour les terroristes. Les sunnites et les chiites en seront victimes à moins que nous soyons unis ».

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https://www.youtube.com/watch?v=MMQou_Qj-oA

Attentat attribué à l’EI

L’attaque de Médine, qui a coûté la vie à quatre gardes de sécurité, est l’un des trois attentats qui ont frappé l’Arabie saoudite lundi soir, lesquels n’ont pas été encore revendiqués. Mais leur mode opératoire rappelle celui des jihadistes de l’EI, qui a mené plusieurs attentats suicides meurtriers en Arabie saoudite depuis plus d’un an.

Dans la ville sainte, l’attaque s’est produite en début de soirée devant la Mosquée du Prophète, situé à l’est de Médine, ville où Mahomet a passé les dix dernières années de sa vie. Un site très fréquenté par les fidèles en ces derniers jours du mois de Ramadan.

Selon le ministère de l’Intérieur,  les forces de sécurité avaient repéré un suspect dans un parking qui se dirigeait vers la Grande mosquée. « Alors que des agents de sécurité tentaient de l’intercepter, il a fait actionner sa ceinture d’explosifs, tuant quatre d’entre-eux et blessant cinq autres », a précisé le ministère.

Membre de la coalition contre l’EI

Poids-lourd régional, l’Arabie saoudite fait partie de la coalition internationale qui, sous commandement américain, combat l’EI en Irak et en Syrie. Elle dirige en outre depuis mars 2015 une coalition arabo-sunnite qui lutte au Yémen contre les rebelles chiites houthis.

Depuis plus d’un an, les autorités saoudiennes ont multiplié les arrestations d’islamistes radicaux. Elles ont annoncé en 2015 le démantèlement d’un groupe lié à l’EI avec l’interpellation de centaines de suspects, en majorité des Saoudiens.

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