Sahara occidental : Brahim Ghali seul candidat pour succéder à Mohamed Abdelaziz à la tête du Polisario
L’ancien ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique à Alger (RASD) est en bonne voie pour devenir le nouveau dirigeant du Polisario ce week-end. Une perspective qui ne rassure pas le Maroc.
Les 8 et 9 juillet, au terme de 40 jours de deuil décrétés à la suite du décès de son ancien leader Mohamed Abdelaziz, le Front Polisario tiendra un congrès extraordinaire pour désigner son successeur. Organisé dans le camp de Dakhla, à 160 km au sud de Tindouf dans le sud-est algérien, le congrès rassemblera quelque 2300 délégués qui procéderont à l’élection de leur futur chef par bulletin secret.
« Au sein du Front, il y a unanimité autour de la personne de Brahim Ghali, notre ancien ambassadeur à Alger, qui réunit toutes les conditions pour devenir notre secrétaire général », déclare à Jeune Afrique M’hamed Khaddad, membre du secrétariat national du Polisario et coordinateur avec la Minurso (Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental). Une fois son élection entérinée ce week-end, « le candidat du consensus » cumulera, comme son prédécesseur Mohamed Abdelaziz, le poste de président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et celui de secrétaire général du Polisario.
Un cacique du mouvement
Pour être élu, le futur dirigeant doit avoir passé au moins une dizaine d’années dans les instances exécutives et se prévaloir d’un parcours militaire avéré, selon les statuts du Polisario. Membre fondateur du Front populaire pour la libération de la Saguia el-Hamra y Río de Oro (Polisario), créé en 1973, Brahim Ghali est aussi un de ses principaux chefs militaires. Né en 1946 (dans le camp de Smara selon le Polisario et près de Marrakech selon le Maroc), il organise les premiers raids contre les Espagnols qui occupaient le territoire. Après le retrait de ces derniers en février 1976, il mène la guérilla contre les armées marocaine et mauritanienne, revendiquant, comme ses compagnons d’armes, l’indépendance du Sahara occidental.
Des armes à la diplomatie
En 1976 Mustapha Sayed el-Ouali, le leader historique du Polisario, le nomme ministre de la Défense peu de temps avant de mourir dans un assaut contre Nouakchott. Issu de la tribu des Reguibat, qui est largement représentée au sein du Polisario, Brahim Ghali a la légitimité pour prétendre à ce poste. En 1999, il est désigné ambassadeur de la RASD en Espagne, un pays où « la cause sahraouie » bénéficie de nombreux soutiens.
Mais il est obligé de quitter Madrid en 2008 à la suite du dépôt d’une plainte contre lui en tant que représentant de la RASD par une adolescente sahraouie, Soltana Bent Bilal, ancienne enfant-esclave dans les camps de Tindouf. Réfugiée en Espagne, la jeune fille au teint noir a raconté à la presse espagnole avoir enduré des sévices lorsqu’elle était au service d’une famille de blancs à Tindouf. Sa famille d’accueil espagnole a alors décidé d’intenter une action judiciaire contre le représentant de la RASD à Madrid pour traitement inhumain. Le Polisario conteste ces faits signalant que la question de cette jeune fille ne se rapporte pas à l’esclavage mais à un problème entre sa mère et sa famille espagnole qui voulait l’adopter sans le consentement de sa famille biologique. Par conséquent, le départ de Brahim Ghali de Madrid n’est pas lié à cette affaire, avance-t-il, mais à un mouvement du corps diplomatique sahraoui.
Sous la protection d’Alger
La même année, Brahim Ghali est nommé ambassadeur à Alger, où il noue de solides attaches avec les services algériens qui orchestrent le conflit historique du Sahara depuis 40 ans. Partisan de la ligne dure du mouvement qui prône soit l’auto-détermination, soit le combat armé, son élection « programmée » à la tête du Polisario inquiète le Maroc, qui lui préfère d’autres personnalités plus enclines au dialogue, comme Bachir Mustapha Sayed, frère du fondateur du Polisario. L’arrivée de Brahim Ghali annonce en tout cas que le dossier du Sahara, chaque année l’objet d’un rapport du secrétaire général de l’ONU, n’est pas à l’abri d’autres complications.
Le Polisario annonce que 220 délégations étrangères, toutes issues des pays soutenant sa cause, sont attendues ce week-end à son congrès extraordinaire. Le 4 juillet, le comité exécutif du mouvement Khat Achahid (« La ligne du martyr », opposition qui conteste l’actuelle direction du Polisario qui nie l’existence même de cette oposition) a annoncé qu’il allait boycotter les travaux de ce congrès. Le mouvement, dirigé par Mahjoub Salek, ne veut pas cautionner une élection dont, selon lui, « les résultats sont connus d’avance ».
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