Génocide rwandais : Tito Barahira et Octavien Ngenzi condamnés à la perpétuité en France

La cour d’assises de Paris a condamné Tito Barahira et Octavien Ngenzi à la réclusion criminelle à perpétuité. Ces deux anciens bourgmestres rwandais étaient accusés d’avoir participé au génocide rwandais dans leur village de Kabarondo en avril 1994.

Un croquis d’audience montre Tito Barahira (à gauche) et Octavien Ngenzi devant le tribunal à Paris le 10 mai 2016. © AFP

Un croquis d’audience montre Tito Barahira (à gauche) et Octavien Ngenzi devant le tribunal à Paris le 10 mai 2016. © AFP

Publié le 6 juillet 2016 Lecture : 2 minutes.

Au terme d’un procès hors norme, la cour aura donc suivi l’avocat général, qui avait requis la prison à vie pour Tito Barahira, 65 ans, et Octavien Ngenzi, 58 ans. Les deux hommes, qui se sont succédés à la tête de Kabarondo, avaient été désignés comme des rouages essentiels du génocide dans leur commune.

« Crimes contre l’humanité » et « génocide »

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Ils ont été reconnus coupables de « crimes contre l’humanité » et de « génocide » pour « une pratique massive et systématique d’exécutions sommaires » en application d’un « plan concerté tendant à la destruction » du groupe ethnique tutsi, a jugé la cour d’assises mercredi 6 juillet.

C’est la deuxième et la plus lourde condamnation en France en relation avec les massacres de 1994 au Rwanda, après celle en 2014 de l’ex-capitaine de l’armée Pascal Simbikangwa à 25 ans de réclusion, pour génocide et complicité de crime contre l’humanité. Ce dernier a cependant fait appel et doit être rejugé en octobre 2016.

Ngenzi et Barahira impassibles 

Fidèles à eux-mêmes, les accusés sont demeurés impassibles à l’énoncé du verdict. Ngenzi, très droit, a à peine cillé ;Barahira, de retour d’une de ses séances de dialyse, est resté enfoncé dans son fauteuil.

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Pour les parties civiles, ce fut une libération silencieuse. Les sanglots discrets ont éclaté après deux mois d’un procès hors norme : des débats filmés pour l’histoire, une centaine de témoins, un changement de président en cours de route, plus de 30 tonnes de procédure.

Huit semaines de débats ont donné à voir un génocide entre voisins, dans une région frontalière de la Tanzanie. Un crime de proximité loin des centres du pouvoir, contrairement au procès de Simbikangwa, un homme influent de la capitale.

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Un massacre effroyable 

À Kabarondo, le massacre le plus effroyable a eu lieu à l’église, le 13 avril 1994, dans cette commune rurale où des milliers de paysans tutsis s’étaient réfugiés, espérant gagner un sanctuaire. Mais massacres et exécutions sommaires vont alors s’enchaîner.

Plus de 2 000 morts en un seul jour à l’église, selon le curé Oreste Incimatata. À la barre, ce dernier a décrit « les enfants qui tétaient leur mère morte », les « grenades qui tombaient du toit », « les cris des blessés », les « survivants triés, pour séparer Tutsis et Hutus ».

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