La pression s’accentue sur le dinar tunisien

Ce vendredi 08 juillet, le dinar tunisien s’échange à 2,43 euros. La monnaie a perdu près d’un quart de sa valeur (-25,15 %) entre le 16 décembre 2010 (veille de l’immolation de Mohammed Bouazizi, déclencheur de la révolution) et aujourd’hui. Une dépréciation qui s’accentue au fil du temps.

La dépréciation de la devise tunisienne peut favoriser les exportations. Mais elle risque de renchérir le coût des importations. Vue d’une rue de Tunisie, pendant le ramadan, en juillet 2015. © Sophia Barakat pour Jeune Afrique

La dépréciation de la devise tunisienne peut favoriser les exportations. Mais elle risque de renchérir le coût des importations. Vue d’une rue de Tunisie, pendant le ramadan, en juillet 2015. © Sophia Barakat pour Jeune Afrique

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Publié le 8 juillet 2016 Lecture : 2 minutes.

Entre juin 2015 et juin 2016, la baisse de la valeur du dinar par rapport à l’euro a été de -11 % (le dinar s’était apprécié par rapport à l’euro de +5,4 % entre juin 2014 et juin 2015, et s’était détérioré de -5,9 % entre juin 2013 et juin 2014). Depuis le début de l’année, le dinar a perdu -8,5 % de sa valeur.

Le symptôme d’un mal beaucoup plus grave

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« La tendance à la dépréciation est claire, nette et précise depuis plusieurs années, avant même la révolution, affirme Ridha Ben Jelili, co-fondateur du think tank Joussour. Mais elle est plus brutale depuis ces derniers mois et elle va continuer. »

Sans jouer les devins, l’expert pense qu’« il est tout à fait possible » que l’euro atteigne 2,65 dinars. Pour Ridha Ben Jelili, cette dépréciation ne doit pas être prise comme une maladie mais comme un symptôme d’un mal beaucoup plus grave : « Le potentiel de croissance de la Tunisie est en baisse tendancielle car l’économie réelle est dans le rouge. Il faudrait plus d’investissements dans les infrastructures et dans de grands projets, c’est ce que demandent les institutions internationales qui prêtent à la Tunisie, par exemple. Mais le taux de réalisation de ces investissement par les des trois précédents gouvernements n’est que de 45 %, c’est extrêmement bas. »

Plus globalement, sur les quatre premiers mois de l’année 2016 les investissements directs étrangers (IDE) ont reculé de -25,4 % par rapport à la même période en 2015 passant de 790,8 millions de dinars à 589,9 millions de dinars.

La chute des revenus du tourisme et des matières premières (phosphate, pétrole) ainsi que la faiblesse des IDE dans le secteur agricole, l’un des rares domaines en progression en Tunisie, expliquent ce mauvais résultat : « Tout indique que l’attractivité de notre pays va continuer à se dégrader en 2016 », explique Hacemi Alaya, président du think tank économique TEMA.

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Une « absence totale de stimulation économique »

La dépréciation de la monnaie doit favoriser les exportations. C’est sur cette base notamment que le FMI n’est pas défavorable à la dépréciation actuelle du dinar.

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Malgré l’effondrement du tourisme, le déficit extérieur a d’ailleurs très légèrement diminué passant de 9,2 % du PIB au premier trimestre 2015 à 9,1 % au premier trimestre 2016 en partie grâce à la dépréciation du dinar, mais cela est loin de couvrir le retard structurel pris par l’industrie tunisienne.

« Avec un euro à 2,5 euros environ, nous ne sommes pas loin de la valeur réelle de l’économie tunisienne, estime Hachemi Alaya. Le problème ce n’est pas la dépréciation mais l’absence totale de stimulation économique. »

L’analyste regrette notamment qu’au lieu de donner « un coup de fouet à l’investissement », la politique tunisienne se contente de freiner la fuite des devises en limitant les importations. « Pour stopper la chute du dinar, Rached Ghannouchi [président du parti Ennahdha, premier parti à l’Assemblée des représentants du peuple] a demandé aux Tunisiens d’arrêter d’acheter les bananes et les pommes rouges importées, ce n’est pas sérieux », déplore le responsable de TEMA.

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