Boko Haram : intervention tchadienne, présence française et métastases
La lutte contre Boko Haram est LE sujet du sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine qui se tient du 30 au 31 janvier à Addis-Abeba. Dernières nouvelles du front.
Après la prise de Baga, début janvier, Abubakar Shekau, le chef de Boko Haram, envisageait, selon un renseignement parvenu aux autorités tchadiennes, d’attaquer Maroua, la grande ville de l’Extrême-Nord camerounais. Une perspective insupportable pour le président Idriss Déby Itno, qui a été à l’origine de l’engagement de l’armée tchadienne contre le groupe jihadiste.
Il lui faut en effet préserver à tout prix la route transnationale Maroua-Kousseri-N’Djamena qui relie la capitale tchadienne à Douala, son principal débouché portuaire. C’est par là que transite la majeure partie des approvisionnements destinés au sud du pays. Déby Itno a donc proposé aux Camerounais de se joindre à eux, ce que ces derniers ont aussitôt accepté. Paris a été informé après coup.
>> Lire aussi : Shekau menace Déby, Biya et Issoufsou
- Pas de Français au Nigeria
Les responsables de l’opération Barkhane n’enverront aucun soldat français au Nigeria (3 000 d’entre eux sont actuellement déployés au Sahel). Ils pourraient en revanche aider les pays qui le souhaitent à préparer une offensive contre Boko Haram : renseignement, utilisation du matériel prépositionné au Tchad et au Niger, création éventuelle d’une base à Diffa, au Niger, près de la frontière nigériane – comme c’est le cas depuis octobre 2014 à Madama, une base avancée à 200 km de la frontière libyenne. Reste à savoir si, dans le contexte antifrançais qui prévaut actuellement au Niger, cette dernière initiative serait bien reçue.
- Cancer et métastases
Tous les pays concernés étaient représentés au plus haut niveau, le 20 janvier, à Niamey, à la réunion internationale consacrée à la lutte contre la secte nigériane Boko Haram. Tous sauf un : le Nigeria, qui n’avait dépêché que son ambassadeur au Niger.
Réflexion dépitée du ministre des Affaires étrangères d’un pays voisin : "Ce n’est pas facile de travailler avec nos frères d’Abuja. Quand nous les appelons au téléphone, personne ne répond. Si le Nigeria ne veut pas soigner son cancer, tant pis. Mais nous, nous allons devoir nous occuper des métastases."
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