Le président zimbabwéen Robert Mugabe désigné président en exercice de l’Union africaine
Le président zimbabwéen Robert Mugabe, 90 ans, a été désigné vendredi par ses pairs pour prendre la présidence tournante de l’Union africaine, lors du 24e sommet de l’organisation panafricaine à Addis-Abeba.
Robert Mugabe est le nouveau président en exercice de l’Union africaine (UA). Le chef de l’État zimbabwéen a été désigné vendredi 30 janvier par ses homologues du continent en ouverture du sommet de l’organisation à Addis-Abeba. Il succède au Mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz et prend la tête de la présidence tournante de l’UA pour un an.
"J’accepte humblement votre décision collective, pleinement conscient de la lourde responsabilité qu’elle implique", a-t-il déclaré, après avoir serré la main de son prédécesseur sous les applaudissements.
>> Lire aussi : Goodluck, IBK, Kabila… Les grands absents du sommet de l’UA
Youyous et tonnerre d’applaudissement
S’exprimant à la tribune du hall Nelson Mandela, Robert Mugabe a une nouvelle fois démontré qu’à 90 ans, son art de la formule était toujours intact. Comme d’habitude, il a ciblé les intérêts étrangers et le colonialisme, rappelant que les "ressources africaines doivent appartenir aux Africains et à personne d’autre".
Le nouveau président de l’UA a suscité de nombreux éclats de rire dans la salle et déclenché une salve de youyous lorsqu’il a souligné le rôle clé de la femme africaine dans le développement du continent. Autre tonnerre d’applaudissement lorsqu’il a remercié la Guinée équatoriale pour avoir organisé au pied-levé ce "super évènement" qu’est la Coupe d’Afrique des nations.
Sorties anti-occidentales
Plutôt populaire en Afrique, où beaucoup voient encore en lui le héros de l’indépendance zimbabwéenne et savourent chacune de ses – fréquentes – sorties anti-occidentales, Robert Mugabe a mauvaise presse auprès des Occidentaux. Les États-Unis et les Européens, dont le président zimbabwéen aime tant vilipender "l’impérialisme", l’accusent de museler l’opposition, d’avoir ruiné l’économie de son pays avec une réforme agraire désastreuse et le traitent comme un paria. Ils ne cachent pas non plus qu’ils souhaitent le voir quitter le pouvoir.
Surtout, Robert Mugabe est sous le coup de sanctions américaines et européennes – des sanctions prises après une vague de répression de l’opposition, en 2002. En février 2014, Bruxelles a suspendu la plupart des mesures restrictives qui frappaient le pays, mais a maintenu celles visant spécifiquement le chef de l’État et son clan. Y compris l’interdiction de voyager. Or dans les réunions du G8 ou du G20, quand l’Union africaine se fait représenter, c’est généralement par son président. Voilà qui promet de belles acrobaties diplomatiques.
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Anne Kappès-Grangé et Benjamin Roger, envoyés spéciaux à Addis-Abeba
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