Soudan du Sud : des milliers d’habitants fuient la capitale et l’ONU demande l’aide des pays de la région
Le Conseil de sécurité de l’ONU a sollicité dimanche l’aide des pays de la région, leur demandant des Casques bleus supplémentaires, pour mettre fin aux combats au Soudan du Sud qui font fuir des milliers d’habitants de la capitale Juba.
Depuis dimanche 10 juillet, des milliers de civils fuient les combats intenses qui opposent les forces régulières et les ex-rebelles, les deux camps s’accusant mutuellement d’être responsables de ces nouvelles violences. Ces combats ont émergé dans la partie ouest de la capitale avant de s’étendre à d’autres zones de Juba.
En deux jours, ces affrontements ont fait au moins 270 morts, selon un décompte des médias locaux, et mettent en péril le fragile accord de paix signé l’année dernière dans le plus jeune État du monde, qui fêtait samedi ses cinq ans d’indépendance. Certains habitants se sont réfugiés dans un camp de l’ONU, à proximité duquel les combats ont éclaté, et qui abrite déjà 28 000 déplacés.
Dimanche, l’ONU a fait état de tirs de mortiers, de lance-grenades et d’ »armes d’assaut lourdes » utilisées dans la capitale. La présence d’hélicoptères de combat et de chars a également été signalée. Des milliers d’habitants de Juba se terraient chez eux ou fuyaient leurs maisons, selon des témoins.
Dans la soirée, les États-Unis ont réclamé la fin immédiate des combats et annoncé le retrait à Juba de tout le personnel de leur ambassade jugé non-essentiel. Washington demande également « aux deux dirigeants et à leurs alliés politiques et militaires de retenir leurs soldats, de les ramener dans leurs casernes et d’empêcher de nouvelles violences et effusions de sang », a déclaré le porte-parole du département d’État, John Kirby.
L’ONU en première ligne
Pour mettre fin aux combats, le Conseil de sécurité de l’ONU a sollicité dimanche l’aide des pays de la région, leur demandant des Casques bleus supplémentaires. Dans une déclaration unanime, les 15 pays membres du Conseil exigent aussi du président sud-soudanais Salva Kiir et de son rival, le vice-président Riek Machar, de « faire le maximum pour contrôler leurs forces respectives et mettre fin d’urgence aux combats ».
Réuni en urgence, le Conseil a demandé aux « pays de la région » et à l’Union africaine de « discuter fermement avec les dirigeants sud-soudanais pour traiter cette crise ». Ses membres « envisagent de renforcer » la Minuss, la mission de l’ONU au Soudan du Sud, et demandent aux pays de la région « de se préparer à fournir des troupes supplémentaires au cas où le Conseil le déciderait ». Mais la déclaration ne précise pas quels pays seraient sollicités ni l’ampleur du renforcement envisagé.
#UNSC Press Statement on Escalation of Fighting in #Juba, #SouthSudan#JPNPres @unmissmedia https://t.co/G3V0PwwBaM
— Japanese Mission UN (@JapanMissionUN) July 11, 2016
Le Kenya et le Soudan ont, de leurs côtés, appelé à mettre fin aux combats. Les ministres des Affaires étrangères de l’organisation régionale des pays d’Afrique de l’Est (Igad) doivent également se réunir en urgence ce lundi à Nairobi.
Un Casque bleu tué
L’organisation humanitaire Human Rights Watch (HWR) a sévèrement critiqué l’attitude du Conseil de sécurité de l’ONU dans la crise au Soudan du Sud. « Pendant trop longtemps, [il] s’est reposé sur la bonne volonté des dirigeants du Soudan du Sud » et « a brandi des menaces vides d’embargo sur les armes et de sanctions individuelles », a déclaré dimanche, dans un communiqué, Akshaya Kumar, directeur adjoint de HRW pour l’ONU. « Les événements de cette fin de semaine confirment que cette stratégie perdante a échoué », relève-t-il.
Selon un responsable de l’ONU, un Casque bleu chinois a été tué dans les combats à Juba et 12 autres de différentes nationalités ont été blessés dont deux grièvement. Parmi eux, se trouvent des soldats rwandais de la Minuss.
Le Soudan du Sud est déchiré depuis décembre 2013 par un conflit féroce qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et près de trois millions de déplacés. Dans le cadre d’un fragile accord de paix et de partage du pouvoir signé en août 2015, Riek Machar est revenu avec un fort contingent d’hommes armés en avril à Juba, où il a été réinstallé vice-président et a formé avec Salva Kiir un gouvernement d’union nationale.
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