Football – Euro 2016 : Eder, le fils prodigue devenu prodige

L’histoire ne retiendra qu’un nom après la finale gagnée dimanche par le Portugal au Stade de France, près de Paris, face au pays hôte : celui d’Éderzito António Macedo Lopes dit Eder, natif de Bissau.

Thanassis Stavrakis/AP/SIPA

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Publié le 11 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

Le Portugal peut enfin prétendre faire partie du cercle très fermé des grandes nations du football mondial. Mais ce n’est pas nécessairement grâce à Cristiano Ronaldo, qui n’a pas réellement pesé, dimanche 10 juillet, dans la finale de l’Euro 2016, du moins dans le jeu. Même l’emblématique Panthère noire, Eusebio, légende vivante au Portugal, ni Figo, ballon d’or 2000, n’avaient réussi à propulser leur sélection sur le toit de l’Europe. Non, si le Portugal doit sa première victoire sur la scène internationale à une performance, c’est bien à celle d’un joueur africain resté longtemps méconnu et impopulaire chez lui : Éderzito António Macedo Lopes.

Eder, un nom désormais sur toutes les lèvres, en France comme au Portugal : bourreaux pour les uns, héros national pour les autres.

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« Mal aimé »

Natif de Bissau, Éderzito António Macedo Lopes, né le 22 décembre 1987, débarque au Portugal à l’âge de trois ans. Formé au club Associação Académica de Coimbra, il se révèle dans le championnat portugais avec le Sporting Braga où il évolue pendant trois ans, entre 2012 et 2015. En 87 rencontres, il trouve le chemin des filets à 35 reprises. Ces belles performances lui valent d’être appelé en équipe nationale pour la première fois en septembre 2012. Avec son physique atypique, Eder est longtemps considéré comme « un attaquant qui pèse sur les défenses ». Autrement dit, un joueur peu technique, trouvant rarement le chemin des filets. En 29 apparitions, il ne compte en effet que 4 buts.

Descente aux enfers

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Sélectionné dans le groupe des 23 pour la Coupe du monde 2014, Eder et ses coéquipiers n’iront pas loin : le Portugal de Ronaldo se fait éliminer dès le premier tour dans un groupe pourtant à sa portée : États-Unis, Ghana et Allemagne, futur champion. Face aux mauvaises prestations de la Seleção, le public se désigne un nouveau bouc émissaire. Ce sera Eder, victime de toutes les railleries dans son pays d’adoption, qui obtient même le titre de plus mauvais attaquant du Mondial 2014.

La renaissance

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À l’été 2015, il rejoint le club gallois de Swansea en Premier League avec pour ambition de « marcher sur les traces de Ronaldo ». Mais cette expérience s’avère être un échec cuisant. Barré par le Français Bafetimbi Gomis, le Bissau-guinéen n’a que peu de temps de jeu. En 18 apparitions sous les couleurs de son nouveau club, il n’ouvre même pas son compteur, qui reste désespérément vierge. Ses chances d’être sélectionné pour l’Euro 2016 sont quasi nulles. En janvier, il décide donc de rejoindre Lille en prêt sous les ordres de Frédéric Antonetti. Une demi-saison réussie avec six buts et quatre passes décisives lui permettant à nouveau d’espérer. « J’ai pensé à un moment que je ne participerais pas à l’euro, mais je me suis efforcé d’avoir des pensées positives, en me disant que je pouvais y arriver ».  Mais lui-même le sait, il restait un plan B pour son entraîneur Fernado Santos, jusqu’à son apparition à la 79e minute à la place de Renato Sanches.

La suite, on la connaît… À la 105e minute, une frappe sublime à 25 mètres qui trompe le portier français Lloris. Le Portugal tient sa revanche après le terrible souvenir de 2004 : une finale de l’Euro perdue à domicile contre la Grèce. Tout un peuple exulte : les « obrigado (« merci ») Eder ! » fleurissent un peu partout. De fils prodigue, Eder est devenu le sauveur de la nation, un prodige qui peut désormais espérer marcher sur les traces de son illustre aîné Eusebio… même si le chemin reste encore long.

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