Algérie : le général Hocine Benhadid libéré pour des raisons de santé
Incarcéré depuis septembre 2015, le général à la retraite Hocine Benhadid, 71 ans, a été remis en liberté ce lundi 11 juillet, a appris Jeune Afrique auprès de l’un de ses avocats, Khaled Bourayou.
Le juge d’instruction a pris la décision de remettre en liberté Benhadid, incarcéré à la prison d’El Harrach, dans la banlieue est d’Alger, pour des raisons de santé. La date de son procès n’a pas encore été divulguée alors qu’on apprend qu’il sera jugé pour « atteinte aux corps constitués ».
M. Benhadid fait l’objet d’un projet de mort programmée
Samedi 9 juillet, le collectif d’avocats qui défend les intérêts de ce général à la retraite avait mis en garde contre la dégradation de son état de santé. Le prévenu souffre notamment d’un cancer de la prostate. « M. Benhadid fait l’objet d’un projet de mort programmée, s’est offusqué Me Bachir Mecheri. Comment se fait-il qu’aucune disposition n’ait été prise durant les dix mois de détention ? » Les avocats, qui avaient déposé plusieurs demandes de liberté provisoire, dénoncent l’absence d’une plainte ayant motivé l’incarcération du prévenu.
Ex-commandant de la IIIe région militaire, commandant de la 8e division blindée, une unité des forces spéciales réputée pour son engagement dans la lutte antiterroriste, Hocine Benhadid a été arrêté dans la soirée du mercredi 30 septembre alors qu’il se rendait à un rendez-vous médical sur les hauteurs d’Alger. Après une interpellation musclée effectuée par des gendarmes, il a été longuement interrogé puis mis sous mandat de dépôt.
Franc-parler
Son arrestation était liée aux propos qu’il avait tenus contre de hauts responsables civils et militaires. Le 21 septembre 2015, à la webradio Radio M., il s’en était pris violemment à Saïd Bouteflika, conseiller et frère cadet du président, à Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée, et à Ali Haddad, président du FCE. Qualifiant le premier de « malade mental », il l’avait accusé de nommer les membres du gouvernement, de prendre des décisions à la place du président élu, d’avoir imposé son ami Haddad à la présidence du patronat et d’être à la tête d’une « bande de mafieux qui pille les richesses du pays ».
Benhadid s’était aussi attaqué à Gaïd Salah, qui serait impliqué, selon lui, dans une affaire scabreuse datant de l’époque où il commandait l’École de formation des officiers de réserve de Blida. Enfin, il avait conclu que le « peuple algérien, des officiers honnêtes et l’élite » du pays n’accepteraient pas le scénario d’une succession familiale. Une critique historique du président Bouteflika
Connu pour son franc-parler, polyglotte, ce général qui a fait ses classes à l’Académie de West Point aux États-Unis (il est issu de la même promotion que Colin Powell, l’ex-secrétaire d’État à la Défense de George W. Bush) avait déjà défrayé la chronique en février 2014 en critiquant l’entourage de Bouteflika, qu’il accusait d’affaiblir le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) et en demandant au président de ne pas briguer un quatrième mandat.
Les militaires réduits au silence
L’assemblée algérienne a récemment adopté une loi, rebaptisée Benhadid, sur l’obligation de réserve des militaires qui suscite crainte et appréhension auprès des retraités de l’armée. En vertu des nouveaux textes, les militaires mis à la réserve ou remis à la vie civile sont interdits « de tout acte, déclaration ou comportement susceptibles de compromettre l’image des institutions et des autorités publiques ». Assimilé à l’outrage ou à la diffamation, tout manquement est passible d’un retrait de la médaille d’honneur ou d’une plainte.
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