Mali : trois morts à Gao lors d’une manifestation contre l’installation des autorités intérimaires
Les forces de sécurité ont ouvert le feu pour disperser une manifestation contre la mise en place des autorités intérimaires mardi à Gao. Au moins trois personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées.
Selon plusieurs sources locales, des membres des forces de sécurité maliennes ont ouvert le feu mardi 12 juillet à Gao sur des manifestants protestant contre l’installation des autorités intérimaires, faisant au moins trois morts et plusieurs blessés. En milieu d’après-midi, il y avait « trois morts par balle », tous des hommes, et « 31 blessés dont deux femmes » à l’hôpital de Gao, a affirmé un responsable de l’établissement à l’AFP. Le gouvernement malien a pour sa part fait état de « trois morts et des blessés tant du côté des manifestants que des forces de l’ordre », dans un communiqué publié mardi 12 juillet.
La manifestation, organisée par des associations de jeunes de la société civile locale, avait été interdite par les autorités en raison de l’état d’urgence, en vigueur jusqu’à vendredi, a expliqué à l’AFP un responsable municipal joint depuis Bamako.. Elle visait à dénoncer la mise en place des autorités intérimaires dans le Nord, censée débuter ce vendredi. Prévue dans l’accord de paix d’Alger, cette disposition prévoit le remplacement temporaire des élus locaux par des représentants du gouvernement, de l’ex-rébellion et des groupes armés pro-gouvernementaux dans les cinq régions administratives du nord du Mali.
Échauffourées
Malgré l’interdiction de manifester, des centaines de jeunes sont sortis dans les rues de Gao en début de matinée avant que les forces de sécurité n’interviennent pour les disperser. « Nous avons voulu manifester pour dénoncer l’insécurité sur la route Bamako-Gao, pour réclamer aussi notre recrutement au sein de l’armée et pour dénoncer la mise en place des autorités intérimaires », a déclaré à l’AFP Oumar Maïga, de l’association des jeunes de Gao, parmi les initiateurs de la manifestation. »Il y a eu des échauffourées. Les forces de l’ordre ont tiré avec les gaz lacrymogènes et des armes de guerre, c’est criminel », a-t-il ajouté.
Le chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé, a affirmé dans un communique qu’il tenait le gouvernement pour « seul responsable des morts et des blessés ». Il a notamment dénoncé « le passage en force de la loi sur les autorités intérimaires ».
À l’issue de la manifestation, les forces de sécurité ont verrouillé les principaux axes de la plus grande ville du Nord du Mali. Selon un officier à Gao, un détachement de militaires a été déployé pour sécuriser le gouvernorat et la situation était « plutôt calme » en centre-ville à la mi-journée en dépit de quelques tirs sporadiques. Le gouvernement malien a, de son côté, annoncé « une mission de haut niveau (qui) se rendra sans délai à Gao » et s’est engagé « à diligenter une enquête indépendante et impartiale » sur ces événements.
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