Nigeria : Goodluck Jonathan à la reconquête du sud, à deux semaines de la présidentielle
À deux semaines de la présidentielle, Goodluck Jonathan, candidat à sa réélection, a poursuivi mercredi sa campagne dans le sud du Nigeria, région où se concentre la production pétrolière et qui est devenue un fief de l’opposition.
Le chef de l’État a donné mercredi 28 un meeting dans la grande ville pétrolière de Port-Harcourt, la capitale de l’État de Rivers, dont le gouverneur, Rotimi Amaechi, un ancien allié du Parti démocratique du peuple (PDP, au pouvoir), a rejoint le Congrès progressiste (APC, opposition) fin 2013.
Une région théâtre d’affrontements entre militants
Depuis cette date, l’État du Rivers, État voisin de Bayelsa où est né l’actuel président, n’a cessé d’être le théâtre d’affrontements entre les militants des deux principaux partis nigérians.
Et les tensions se font encore plus palpables à l’approche des élections législatives et présidentielle du 14 février, où le président sortant Goodluck Jonathan, un chrétien du sud qui brigue un second mandat de quatre ans, aura pour principal rival le nordiste musulman Muhammadu Buhari, comme en 2011.
>> Pour aller plus loin : Le portrait de Muhammadu Buhari, principal rival de Jonathan pour la présidentielle
Dimanche dernier, des hommes armés ont mené un attentat à la bombe à l’endroit où devait se tenir un meeting de l’APC, en périphérie de Port-Harcourt. L’incident n’a pas fait de victime et n’a pas été revendiqué.
Rivers : un État qui pèse, économiquement et électoralement
Port Harcourt "fait partie de ma région", a clamé Goodluck Jonathan lors d’un court discours devant une foule de supporters amassés dans un stade de 40 000 places.
"L’État de Rivers, et sa capitale Port-Harcourt, sont stratégiques, parce que c’est là que sont concentrées les activités pétrolières et gazières", revenu principal de la première puissance économique d’Afrique, a rappelé de son côté Davies Ibiamu Ikanya, le président de l’APC dans cet État.
Avec la montée en puissance de l’APC, Port-Harcourt est l’un des grands centres urbains qui pourraient peser dans la balance, alors que le scrutin s’annonce comme le plus serré depuis le retour à la démocratie au Nigeria en 1999. "Le président Jonathan a remporté une très large victoire dans cet État en 2011, mais il a perdu ce soutien, à cause de son mauvais bilan. Les gens réclament du changement et l’APC est prêt à le leur apporter", poursuit Ibiamu Ikanya.
Le commentateur politique Chris Ngwodo juge quant à lui la reconquête de l’État de Rivers essentielle à Jonathan s’il veut s’assurer d’être réélu. L’APC "contrôle déjà Lagos et Kano", les deux plus grandes villes du Nigeria, l’une au sud, l’autre au nord, rappelle Chris Ngwodo. La perte de l’électorat de l’État de Rivers "aurait des conséquences désastreuses pour le PDP".
>> Lire aussi : 3 clés pour comprendre la démocratie nigériane
Otuoke, le noyau-dur pro Jonathan
Dans cette région, Jonathan peut en tout cas compter sur le soutien inconditionnel de sa ville natale Otuoke. Sur l’unique route qui traverse cette petite ville de pêcheurs et d’agriculteurs, un poster géant à été installé en faveur du président sortant, premier chef de l’État nigérian à être issu de l’ethnie Ijaw, rapporte l’AFP.
"Notre fils a bien travaillé. Son bilan parle pour lui", estime Osain Francis Ogbuoni, un militant de 30 ans. "Nous allons rassembler tout le Delta du Niger autour de lui. Il nous a ramené le développement et le progrès" poursuit-il.
Si dans le reste du Nigeria, de nombreux détracteurs critiquent l’actuel président pour n’avoir pas assez investi dans les infrastructures, dans un pays où les coupures d’électricités sont incessantes et où peu d’habitants ont accès à l’eau courante, les habitants d’Otuoke peuvent eux se réjouir d’être dotés d’une université et d’un hôpital.
(Avec AFP)
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