Quelle sera la politique africaine de Theresa May, la nouvelle Premier ministre britannique ?

Theresa May est la deuxième femme après Margaret Thatcher à accéder à la plus haute fonction politique du Royaume-Uni. Quels sont ses rapports avec les États africains ? Éléments de réponse avec The Africa Report.

Theresa May quittant le 10 Downing Street, à Londres, le 12 juillet 2016. © Kirsty Wigglesworth/AP/SIPA

Theresa May quittant le 10 Downing Street, à Londres, le 12 juillet 2016. © Kirsty Wigglesworth/AP/SIPA

Publié le 13 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

Son prédécesseur a annoncé quelques heures après l’annonce du vote en faveur d’une sortie de l’Union européenne qu’il démissionnerait, ce qui a immédiatement conduit les ténors du Parti conservateur à se mettre en ordre de bataille pour en prendre la tête. S’étant imposée à ce petit jeu dès lundi après que l’ancien maire de Londres et partisan du Brexit Boris Johnson se fut retiré à la surprise générale, Theresa May a donc déposé ses valises au 10 Downing Street ce mercredi 13 juillet, alors que le Royaume-Uni traverse l’une des périodes les plus troubles de son histoire récente.

Renégociation des relations avec l’UE

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En sa qualité de Premier ministre, May mènera les négociations avec l’UE pour déterminer la forme des nouvelles relations entre Londres et Bruxelles. Une fois qu’elle aura enclenché le processus de sortie en invoquant l’article 50 du traité de Lisbonne, il lui faudra trouver un point d’équilibre entre marché et immigration.

En effet, beaucoup d’entreprises britanniques veulent avoir accès au marché unique. Cependant l’immigration étant devenue l’enjeu central du référendum, une majorité de sujets britanniques n’aspirent pas à ce que les citoyens européens circulent librement dans leur pays. Les négociations devront prendre en compte ces deux positions antagonistes.

Immigration

L’augmentation des flux migratoires en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient, principalement d’Érythrée et de Syrie, était l’une des préoccupations clés lorsque May se trouvait à la tête du ministère de l’Intérieur. Lors d’un meeting du Parti conservateur en octobre, elle avait à ce propos estimé que l’immigration pesait sur les salaires des travailleurs britanniques et ne profitait en aucun cas à l’économie nationale.

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« Sans doute Mme May est-elle déterminée à contrer l’idée selon laquelle s’adapter à une ère de migrations de masse serait plus réaliste que de s’y opposer », avance un éditorial du Guardian au sujet de celle qui avait dû essuyer des tirs nourris pour avoir échoué à maintenir le nombre annuel de migrants non-européens  en dessous de la barre des 100 000. L’année dernière, ils étaient 330 000.

En réponse à l’afflux grandissant de migrants en provenance d’Afrique, elle avait débloqué une aide de 200 millions de livres à destination du Soudan, de l’Éthiopie, de la Somalie, du Kenya et de l’Ouganda, ainsi qu’aux pays touchés El Niño. « Nous voulons collaborer avec les pays africains pour faire en sorte que les populations ne ressentent plus le besoin d’entamer un périple vers l’Europe », avait-elle déclaré.

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Elle a cependant été critiquée pour son intransigeance, rendant l’obtention du droit d’asile au Royaume-Uni encore plus difficile même pour les personnes fuyant la guerre.

Commerce

Le commerce constitue un autre point clé des relations entre le Royaume-Uni et l’Afrique. Theresa May devra sur ce sujet travailler en étroite collaboration avec James Duddridge, membre du gouvernement en charge notamment des relations avec l’Afrique, pour rédiger plusieurs dizaines de nouveaux accords entre le Royaume-Uni et les États africains ainsi que les communautés économiques régionales, ceux-ci ayant été rendus caduques du fait de l’appartenance du pays à l’UE.

« En raison des complexités et de la juxtaposition de problématiques propres à l’Afrique, le Royaume-Uni, qu’il sorte de l’UE ou qu’il y reste, est appelé à jouer un rôle plus actif sur le continent dans les domaines sécuritaire et militaire », a indiqué Duddridge sur RFI.

Droits des homosexuels

Theresa May entretient des rapports compliqués avec la question des droits des homosexuels. Après avoir milité pour le maintien d’une loi interdisant la promotion de l’homosexualité à l’école, elle s’est positionnée en faveur de la légalisation des mariages entre personnes du même sexe. Cependant, alors qu’elle était ministre de l’Intérieur, le Royaume-Uni a commencé à exiger de la part des demandeurs d’asile qu’ils apportent la preuve de leur orientation sexuelle afin que toute fraude soit évitée.

De nouvelles élections législatives ?

Lorsque Cameron a annoncé son intention de démissionner, beaucoup de voix ont appelé à la tenue de nouvelles élections législatives. May n’en a pas tenu compte, déclarant lors du lancement de sa courte campagne pour la présidence du Parti conservateur qu’ « aucune élection législative n’aura lieu avant 2020. »

Politique étrangère

En raison de la faible expérience de May en politique étrangère, il est difficile de déterminer quelles seront ses priorités outre-mer une fois qu’elle sera entrée en fonction. On peut en revanche raisonnablement supposer que les négociations portant sur les nouvelles relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne occuperont l’essentiel de son temps.

(The Africa Report est une publication du groupe Jeune Afrique)

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