Afrique du Sud : le striptease annoncé de Julius Malema

Pour le leader populiste sud-africain Julius Malema, c’est « tenue d’ouvrier ou tenue d’Adam ». Puisque le parlement lui interdit le port d’un vêtement d’ouvrier au sein de l’hémicycle, il menace de siéger nu.

L’oeil de Glez. © Damien Glez

L’oeil de Glez. © Damien Glez

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Publié le 28 janvier 2015 Lecture : 2 minutes.

Julius Malema est fâché tout rouge. Ou plutôt il est fâché à cause d’une tenue toute rouge. Depuis l’entrée au Parlement sud-africain de 25 députés du parti "les Combattants pour la liberté économique” (EFF), le trublion porte une combinaison d’ouvrier, un casque de chantier et des bottes de caoutchouc. En séance, tous les élus masculins de cette formation arborent ainsi des tenues vermeilles, tandis que leurs collègues femmes siègent cintrées dans un tablier de ménagères. Objectif de ces "uniformes" aux allures chavistes : afficher la solidarité avec les travailleurs du bas de l’échelle sociale et ne pas adopter les modes vestimentaires des "maîtres coloniaux". La presse sud-africaine souligne pourtant régulièrement le goût de Julius Malema pour les vêtements de luxe occidentaux…

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La stratégie populiste du travestissement ouvrier pourra-t-elle abuser les électeurs ? Pas sûr, puisque l’Assemblée nationale entend adopter, d’ici quelques semaines, un nouveau règlement intérieur qui va codifier les tenues autorisées. La marque de fabrique écarlate devrait donc être interdite à l’hémicycle. Qu’à cela ne tienne : l’ancien membre du parti présidentiel menace de perturber le discours du président sur l’état de la nation, le 12 février prochain. Malema annonce qu’il pourrait prochainement siéger tout nu.

La prude Afrique attire encore peu l’attention avec ce stratagème.

Si la nudité est une arme de protestation politique sur bien des continents, la prude Afrique attire encore peu l’attention avec ce stratagème. En octobre 2011, la jeune blogueuse égyptienne Aliaa Elmahdy se photographiait nue pour réclamer la libération de son ami Karim Amer. Relayée sur Twitter, elle attirait le regard par sa nudité, pour mieux distiller son message de "laïque, libérale, végétarienne et individualiste". En mars 2013, c’est la Tunisienne Amina Sboui, affiliée à la mouvance Femen, qui diffusait un cliché dévoilant un message inscrit sur sa poitrine dénudée : "Mon corps m’appartient et n’est source d’honneur pour personne". Et l’on hurla à la "pornographie"…

En Afrique subsaharienne, c’est en août 2012 que des opposantes togolaises se laissèrent aller à dévoiler, pour des raisons militantes, une partie de leur anatomie. Lors d’une manifestation du collectif d’opposition "Sauvons le Togo", à Lomé, plusieurs manifestantes baissèrent leurs pantalons ou soulevèrent leurs jupes devant les forces de l’ordre. Une exhibition spontanée qui pouvait réjouir les badauds, mais paraissait d’autant plus cruelle qu’une grève du sexe avait été parallèlement lancée pour irriter les maris et les inciter à faire fléchir le président Gnassingbé sur les revendications du moment…

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Au Parlement sud-africain, le président peut toujours régler la climatisation sur une température frigorifique, histoire de décourager Julius Malema d’asseoir ses fesses nues sur les bancs de l’hémicycle…

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Par Damien Glez

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