Libye : trois questions autour de l’attaque terroriste de l’hôtel Corinthia à Tripoli
L’hôtel Corinthia à Tripoli a été la cible mardi d’une attaque revendiquée par la branche libyenne de l’État islamique. Neuf personnes, dont cinq étrangers, ont été tuées ainsi que trois assaillants, selon le dernier bilan. Retour en trois questions sur l’assaut qui a frappé l’un des sites les plus sécurisés de la capitale libyenne.
Que sait-on de l’attaque ?
L’assaut a commencé, mardi 27 janvier au matin, par l’explosion d’une voiture piégée devant l’hôtel Corinthia, l’un des sites les plus sûrs de Tripoli, où trois hommes armés ont ensuite pénétré avant d’être pourchassés par les forces de sécurité relevant du gouvernement pro-Fajr Libya (coalition de milices islamistes), qui ont également assiégé les assaillants retranchés dans le Corinthia.
L’attaque s’est achevée en milieu d’après-midi par la mort des trois assaillants qui ont déclenché leurs ceintures explosives alors qu’ils étaient "encerclés" au 24e étage, selon Issam Al-Naass, le porte-parole des opérations de sécurité dans la capitale libyenne. Une sixième personne "prise en otage" par les assaillants et dont la nationalité n’était pas connue a péri lorsque les hommes armés se sont fait exploser, a-t-il précisé.
Trois membres des services de sécurité ont également été tués, et cinq personnes blessées. En tout, le premier bilan provisoire fait état de neuf victimes dont cinq étrangers tués par balles lors de l’assaut : il s’agit d’ "un Américain, un Français, deux femmes de nationalité philippine et un Sud-Coréen", a indiqué Issam Al-Naass.
L’Américain travaillait pour la société britannique APR Energy, tandis que le Français était pilote d’une compagnie aérienne géorgienne travaillant pour le compte d’une entreprise libyenne. Le Sud-Coréen était un assistant du pilote et les deux Philippines des hôtesses, a détaillé Al-Naass.
>> Lire aussi : Des barils et des balles
Qui est ce groupe terroriste ?
La branche libyenne de l’État islamique (EI) a, selon le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE, revendiqué l’assaut sur Twitter. Ce groupe sévit notamment en Irak et en Syrie. Selon RFI, l’organisation jihadiste aurait baptisé cette attaque "raid Abu Anas Al-Libi", du nom du terroriste arrêté en octobre 2013 par les Américains à Tripoli et mort en détention le 2 janvier à New York.
L’EI a également diffusé la photo d’un des auteurs de l’attaque présenté comme "Abou Ibrahim al-Tounsi (le Tunisien, NDLR), le premier kamikaze à avoir lancé l’attaque contre l’hôtel Corinthia.
C’est la troisième attaque revendiquée par l’EI en un mois à Tripoli. Le samedi 17 janvier notamment, l’ambassade d’Algérie à Tripoli, fermée, avait été touchée par une explosion qui avait fait trois blessés dont un policier.
En novembre 2014, deux voitures piégées avaient également explosé devant les ambassades fermées d’Égypte et des Émirats arabes unis, faisant plusieurs blessés. Une intensification des actions du groupe jihadiste qui risque de compliquer les négociations en cours à Genève en vue de trouver une solution politique à la crise libyenne.
Quelles conséquences sur les négociations de Genève ?
La représentante de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a déploré une attaque qui porte "un coup aux efforts destinés à rétablir la paix et la stabilité dans le pays", en allusion aux négociations interlibyennes en cours à Genève sous l’égide de l’ONU.
>> Lire aussi : Annonces de cessez-le-feu en Libye, le début d’une sortie de crise ?
Mais il est difficile de dire quel impact concret l’aggravation de la menace terroriste peut avoir sur les discussions. Une chose est sûre : la recrudescence des attentats ne fait que souligner l’urgence d’un accord de paix afin d’éviter que le chaos ne se répande là où les milices islamistes sont censées avoir pris le contrôle de la situation au détriment des forces "loyalistes" de l’armée et du gouvernement reconnu par la communauté internationale et réfugié à Tobrouk.
Malgré la trêve annoncée par les milices en vertu d’un accord conclu à Genève en janvier, les combats meurtriers ont continué notamment à Benghazi (est) où le général Haftar, appuyé par les forces gouvernementales, tente de reprendre la ville. Les violences ont fait 22 morts et 68 blessés à Benghazi en 24 heures, a affirmé lundi soir une source de sécurité. Lundi également, Fajr Libya a tiré trois missiles sur des réservoirs du terminal pétrolier d’Al-Sedra, dans le "croissant pétrolier", une région dont elle cherche à s’emparer.
(Avec AFP)
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