Algérie : prison avec sursis dans l’affaire KBC pour les trois prévenus

La justice algérienne a condamné lundi Mehdi Benaîssa et Riyad Hathrouf à six mois de prison avec sursis. Mounia Nedjaï, fonctionnaire au ministère de la Culture, a quant à elle écopé d’un an avec sursis. Retour sur un mois de mobilisation citoyenne pour leur libération.

Une voiture siglée El Khabar, le 3 mai 2016 à Alger. © Sidali Djarboub/AP/SIPA

Une voiture siglée El Khabar, le 3 mai 2016 à Alger. © Sidali Djarboub/AP/SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 18 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

Le tribunal correctionnel d’Alger a prononcé, ce lundi 18 juillet, son verdict dans le procès de Mehdi Benaïssa, directeur de la chaîne de télévision KBC du groupe El Khabar, de Riyad Hartouf, directeur de production de l’émission « Nas Stah » et de Mounia Nedjaï, directrice centrale au ministère de la Culture, poursuivis pour « fausses déclarations » et « abus de fonctions ». « MM Benaïssa et Hartouf ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis. Quant à Mme Nedjaï, elle a écopé d’un an de prison avec sursis « , a déclaré à Jeune Afrique Me Fetta Sadat, avocate de la défense d’El Khabar, ajoutant qu’ils seront mis en liberté ce lundi. « Même si le jugement s’est avéré clément par rapport à ce qu’on attendait, nous envisageons de faire appel pour continuer à plaider leur innocence », ajoute-t-elle.

« Le seul reproche qu’on peut faire aux prévenus c’est le contenu de leurs émissions qui ne plaît pas gouvernement », a toutefois assuré Me Sadat à l’AFP, se demandant si l’Algérie était un État de droit qui reconnaît le multipartisme et la diversité ou était revenue au système du parti unique, aboli en 1989. Son confrère de la défense Me Khaled Bergheul a estimé que les prévenus étaient des otages de la liberté d’expression. Les autorités, selon lui, délivrent les autorisations à ceux qui critiquent l’opposition et non à ceux qui critiquent le régime.

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Les avocats ont en outre plaidé que ces autorisations n’étaient exigées par l’administration que dans les situations de tournage en plein air alors que les émissions visées, Ness Stah et Ki Hna ki Nass, sont tournées en studio.

La toile algérienne dans tous ses états

L’affaire KBC a suscité une vaste mobilisation citoyenne en Algérie. Caricatures, poèmes, photos, etc., depuis la mise sous mandat de dépôt à la prison d’El Harrach à Alger, jeudi 23 juin, de Mehdi Benaïssa, Riyad Hartouf et Mounia Nedjaï, de multiples messages de solidarité peuplent le réseau social préféré des Algériens : Facebook.

Sur la page « Affaire KBC : libérez Mehdi Benaïssa, Ryad Hartoug et Nora Nedjaï », qui rassemble plus de 7 700 fans depuis son apparition dans la foulée de leur arrestation, articles de presse, dessins, vidéos et expressions de soutien en tous genres sont postés quotidiennement.

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Une des premières images largement partagées sur Facebook et utilisée par de nombreux internautes comme photo de profil est celle de #LibérezMehdi

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Au fil du mois, les classiques portraits avec pancartes « Libérez Mehdi, Riyad, Mounia » ont laissé place à des formes artistiques plus élaborées. Le cinéaste Lyes Salem, dont le dernier film « L’Oranais » a voyagé dans le monde entier, a ainsi entreprise de réaliser une série de courtes vidéos qu’il partage sur son mur Facebook.

Face à la caméra apparaissent des personnalités de la scène artistique algérienne plongées dans une lumière jaunâtre évoquant une cellule de prison. Bouches fermées, ils regardent fixement l’objectif pendant que leur voix off récite des textes et poèmes parlant de détention et liberté.

Vidéo de Lyes Salem :

En chair et en os

Outre le relais de messages virtuels, les réseaux sociaux ont aussi servi de canaux de diffusion de rassemblements physiques bien réels. C’est la ville d’Alger qui a été la première à organiser un « Rassemblement en solidarité avec les détenus de KBC ».

Tenu le vendredi 1er juillet, en soirée, devant le théâtre national d’Alger (TNA), la mobilisation pacifique a rassemblé plusieurs centaines d’artistes, journalistes, chroniqueurs, hommes politiques, etc. qui ont brandi des pancartes et scandé des slogans demandant la libération des prévenus.

La vidéo du rassemblement à Alger :

Après Alger, les villes d’Oran (ouest), Béjaïa (centre) puis Paris (France) ont emboîté le pas, avec des rassemblements tenus les vendredi 8 et samedi 9 juillet.

La vidéo du rassemblement à Oran :

L’affaire KBC en 5 dates clés :

  • Dimanche 19 juin : audition de Mehdi Benaïssa, directeur de KBC, devant le procureur
  • Mercredi 22 juin : convocation de Mehdi Benaïssa à la gendarmerie
  • Jeudi 23 juin : Mehdi Benaïssa et Mounia Nedjaï, directrice centrale au sein du ministère de la communication sont placés en garde à vue
  • Jeudi 23 juin : convocation puis mise sous mandat de dépôt de Ryad Hartouf, producteur de l’émission « Nass Stah » diffusée sur KBC
  • Mercredi 13 juillet : la chambre d’accusation du tribunal de Sidi M’hamed à Alger rejette la demande de remise en liberté des prévenus introduite par le collectif de la défense.

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