Kenya : quatre policiers inculpés pour le meurtre sauvage de trois hommes, dont un avocat défenseur des droits de l’homme
Ils sont soupçonnés d’avoir tué un avocat des droits de l’homme, son chauffeur et son client. Leurs corps torturés avaient été retrouvés, le 30 juin, flottant sur la rivière Ol Donyo Sabuk.
Quatre policiers kényans ont été inculpés, lundi 18 juillet, par un tribunal de Nairobi pour les meurtres brutaux fin juin d’un avocat, de son client et de leur chauffeur, et pour lesquels ils ont chacun plaidé non coupable.
Les policiers, Fredrick Leliman, Leonard Mwangi Maina, Stephen Cheburet Morogo et Silvia Wanjiku Wanjohi, sont accusés d’avoir tué l’avocat Willie Kimani, son client Josephat Mwenda et leur chauffeur de taxi Joseph Muiruri, disparus le 23 juin.
Ces assassinats, précédés de tortures, avaient suscité une vive émotion dans le pays et conduit le barreau kényan à décréter une grève des prétoires d’une semaine. À l’appel de la Commission nationale sur les droits de l’homme et du barreau kényan, plusieurs centaines de personnes s’étaient réunies le 4 juillet dans le centre de Nairobi pour réclamer l’arrêt des « exécutions extrajudiciaires ».
La plupart des manifestants avaient revêtu des t-shirts avec l’inscription « arrêtez les exécutions par la police » écrites en lettres couleur sang. D’autres portaient des pancartes avec les photos des trois hommes tués. « Nous rejetons absolument l’idée que ce qui est arrivé aux trois hommes qui ont disparu la semaine dernière est un cas isolé impliquant quelques officiers ripoux. Beaucoup, beaucoup de Kényans ont disparu et c’est une situation qui est complètement intolérable », avait déclaré le président du barreau kényan, Isaac Okero.
« Abondamment torturés »
Les trois victimes avaient disparu le 23 juin après une audience au tribunal de Makovo, dans la banlieue de Nairobi. Le corps du jeune avocat a été retrouvé jeudi 30 juin dans la soirée, recouvert d’un sac et flottant sur la rivière Ol Donyo Sabuk, au sud-est de Nairobi. Inerte et mutilé, il se trouvait à côté d’un autre corps également enroulé dans une bâche, tandis qu’un troisième, aperçu sur la rivière, a été récupéré le lendemain. Les poignets de Me Kimani avaient été attachés, trois de ses doigts coupés et ses yeux énucléés, selon la presse kényane.
« Les corps sont dans un piteux état. Il semble que les victimes aient été abondamment torturées avant d’être tuées », a déclaré Me Duncan Kinuthia, un proche de Willie Kimani, après avoir identifié le corps de ce dernier à la morgue.
Willie Kimani était un jeune avocat spécialisé dans les droits de l’homme, œuvrant pour l’organisation International Justice Mission (IJM). Il avait défendu de nombreux prisonniers politiques et des victimes d’abus de l’État kényan. Son client, un chauffeur de moto-taxi, accusait la police de l’avoir harcelé et intimidé afin qu’il abandonne une plainte contre un haut responsable des forces de l’ordre qui, disait-il, lui avait tiré dessus sans raison en avril 2015.
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