Union africaine : le 27e sommet de Kigali côté coulisses
Le 27e sommet de l’Union africaine, organisé au tout nouveau Conference center de Kigali, s’est achevé le 18 juillet. Florilège d’anecdotes qui ont ponctué en coulisses l’événement panafricain qui réunissait l’ensemble des chefs d’État du continent.
IDI, le boss
À plusieurs reprises, le président en exercice de l’Union africaine (UA), le Tchadien Idriss Déby Itno (IDI), s’est fait remarquer pour sa fermeté – d’aucuns ont même été jusqu’à dire son autorité. C’est que l’homme fort de N’Djamena n’a pas hésité à couper la chique à ses pairs. Il en fût ainsi notamment de la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sileaf.
Alors qu’elle entame un discours au nom des membres de la Cedeao, demandant le report de l’élection du nouveau président de la Commission de l’UA, IDI l’interrompt et lui fait remarquer que ce n’est ni le lieu ni le moment : « Il faut voter, c’est tout », a-t-il asséné. Rendant fous de rage Macky Sall (Sénégal) et Alassane Dramane Ouattara (Côte d’Ivoire).
Plus tard, c’est le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo qui a subi le même sort : impossible pour lui de s’exprimer sur la candidature de son ministre des Affaires étrangères à la succession de Nkosozana Dlamini-Zuma.
Autre victime du président en exercice : Denis Sassou Nguesso. Juste après la cérémonie d’ouverture, IDI décide que le premier discours, sur les droits de l’homme, sera prononcé en public. Sans en avertir qui que ce soit semble-t-il. Sassou demande : « Nous devrions peut-être attendre que tout le monde sorte pour commencer ? » IDI : « J’ai décidé que ce sujet devait se tenir en séance publique. Pour ceux qui sortent, merci de le faire en silence. »
Lors la cérémonie de clôture, le 18 juillet, il estimera : « On m’a dit que je suis trop dur, un peu dictateur. Loin de là, vraiment loin de là ! » Faute avouée à moitié pardonnée ?
Assassinat d’Hafsa Mossi : Mushikiwabo bouleversée
Louise Mushikiwabo, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, a été particulièrement marquée par l’assassinat de la député burundaise Hafsa Mossi, le 13 juillet à Bujumbura. La chef de la diplomatie a quitté précipitamment la cérémonie d’ouverture du Conseil exécutif quand elle a appris la nouvelle. Les deux femmes se côtoyaient dans le cadre de leurs fonctions respectives et avaient fini par tisser des liens d’amitié. Députée burundaise de l’Assemblée de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC), Mossi fut auparavant ministre chargée des relations avec cette même EAC.
Un sommet à huis clos
Une fois n’est pas coutume, aucun représentant des partenaires de l’Union africaine (UA) – France, États-Unis, Royaume-Uni, Chine, Union européenne – n’a été convié aux travaux du 27e sommet de Kigali. Seuls les ambassadeurs accrédités au Rwanda ont été autorisés à prendre part à la cérémonie d’ouverture du Conseil exécutif, le 13 juillet. La décision, initialement prise par l’UA lors du sommet de Johannesburg en juin 2015, a été confortée par l’hôte rwandais en raison notamment du caractère électoral de ce sommet.
Zuma, reine de la piste
Détente après une première journée de travail. Les ministres des Affaires étrangères, réunis du 10 au 15 juillet avant le sommet des chefs d’État, se sont retrouvés le 13 juillet au soir à l’hôtel Mariott pour un cocktail « informel et détendu », selon un témoin. Au menu : « open bar » et musique. La présidente de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, s’est ainsi particulièrement illustrée sur la piste de danse. Une manière de décompresser, juste avant l’élection de son successeur. Résultat ? Elle doit finalement rempiler pour six mois !
Vers 22 h, la plupart des convives ont pris la direction du retour. Mais pas tous : quelques danseurs invétérés ont décidé de poursuivre la soirée, jusqu’à 2 h du matin, dans une boite guindée de Kigali, le People. Quand le chat n’est pas là…
La solution technologique
La technologie a du bon, mais elle ne règle pas tous les problèmes. Lundi 18 juillet au matin, la horde de journalistes et d’experts ont été surpris par la rapidité du scrutin qui était censé élire le nouveau président de la Commission de l’UA. Un ministre des Affaires étrangères raconte : « Nous avions un boitier électronique. Sur le bouton ‘1’, c’était la candidate ougandaise, le ‘2’, le candidat équato-guinéen, le ‘3’, la Botswanaise et le ‘4’, l’abstention. » En deux heures, les sept rounds étaient pliés. Et l’élection reportée à janvier, faute d’avoir pu se mettre d’accord sur l’un des trois candidats.
Soutiens à la France
Les soutiens à la France à la suite de l’attentat de Nice, qui a fait 84 morts et plus de 300 blessés le 14 juillet, ont été nombreux. Lors du discours d’ouverture, le 17 juillet, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, invité d’honneur de l’UA, a exprimé sa « solidarité avec le peuple français », assurant que « la France saura surmonter cette période difficile. » Et d’ajouter : « Nous devons tous nous mobiliser contre ces actes qui n’ont pas de religion. » En marge du sommet, le président Macky Sall a confié également à Jeune Afrique sa « peine » et sa « solidarité » pour la France.
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