JO 2016 : le rêve olympique de Daniah Hagul, seule nageuse libyenne à Rio

À 17 ans, la jeune athlète sera la seule nageuse libyenne alignée dans les bassins des prochains JO de Rio. Un honneur pour cette adolescente, partie très tôt de sa Libye natale pour atteindre le plus haut niveau.

Daniah Hagul en juillet 2014. © Photo Facebook

Daniah Hagul en juillet 2014. © Photo Facebook

Publié le 20 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

Quand Mouammar Kadhafi est mort en 2011, elle n’avait pas douze ans, et nul doute qu’à l’époque, la jeune Daniah Hagul ne pensait pas devenir la première nageuse libyenne à disputer une olympiade après le décès du « Guide ».

Aujourd’hui, Daniah a 17 ans, et disputera le 100 mètres brasse aux prochains Jeux à Rio. Elle sera donc le seul visage féminin du sport libyen dans les bassins olympiques, un rôle symbolique pour une nation ravagée par des années de guerre civile et de luttes tribales, d’autant plus important pour Daniah qu’il n’est pas toujours simple de s’afficher en maillot de bain. La jeune fille en est bien consciente : « J’espère que la paix reviendra bientôt dans mon pays, afin que d’autres filles puissent participer aux grandes compétitions internationales sous le drapeau libyen », confiait-elle au Libya Herald en juin.

La natation féminine est une nouveauté pour la Libye

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Car Daniah Hagul est partie loin de Tripoli et de son pays pour construire sa carrière naissante. Dès les années 90, ses parents quittent la Libye pour s’installer à Malte. « La natation féminine est une nouveauté pour la Libye. Certains n’y voient que des difficultés, mais c’est par les parents que ça doit commencer. C’est à eux de bousculer les mentalités, d’encourager et de soutenir leurs filles. C’est avant tout l’obstacle culturel qu’il faut supprimer », estime Samira, sa mère, investie aux côtés de Daniah.

Sur la petite île anglophone, ses parents ont d’abord poussé leur fille à nager. Un souvenir peu plaisant pour elle, qui n’avait pas quatre ans, comme elle l’explique au site Libiyat : « Mon professeur de natation m’a poussée dans la piscine, cela m’avait énervé. Mais j’ai très vite appris à nager, jusqu’à commencer la compétition en 2012 avec le club de Saint-Julian. »

La coqueluche des meilleurs nageurs mondiaux

Cette année-là comme toutes les autres, Daniah passe ses vacances dans la ferme de sa grand-mère à Az-Zahra, en Libye. Mais contrairement aux autres années, elle passe le mois d’août les yeux rivés sur son poste de télévision : les Jeux Olympiques de Londres la fascinent. « Je me suis dit que ce serait merveilleux si je pouvais représenter mon pays dans cette compétition. Avec le soutien de ma famille, j’ai commencé à travailler pour réaliser ce rêve », confie-t-elle, sûre de sa force.

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En participant à ses premières compétitions internationales, Daniah commence à se faire un nom grâce à son parcours atypique. Les grands noms de la natation mondiale comme Ryan Lochte ou Nathan Adrian lui envoient des messages de soutien, participant à sa renommée.

Depuis, elle a même participé aux derniers championnats du monde en Russie, à Kazan, en 2015. Équipements, déplacements… Même si ses parents mettent la main à la poche, Daniah a désormais besoin d’un sponsor attitré pour voir sa carrière décoller. HBGroup, une holding libyenne, finance en partie ses dépenses liées à la découverte du haut niveau. Et ses proches ont lancé une campagne de financement participatif baptisée « Aidez à financer le rêve olympique de Daniah » qui lui a permis de réunir 6.800 euros en plus des quelques dépenses assurées par la fédération libyenne de natation.

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Fan d’une nageuse syrienne réfugiée

Pour se montrer à la hauteur lors des J.O, elle s’entraîne avec les deux seuls autres nageurs libyens qualifiés pour l’événement sous la houlette du coach suédois Sven-Bertil Mattson. Qui croit en ses capacités à passer le cap des séries sur 100 mètres brasse. Si l’athlète ne se fixe aucune limite, sa seule présence à Rio, accompagné de ses parents et de son frère, constitue une belle victoire.

Elle espère bien sûr pouvoir parler à Michael Phelps, la légende vivante de la natation, mais aussi à Yusra Mardini, une nageuse syrienne car « son histoire, sa capacité à surmonter les difficultés et sa détermination » l’ont « beaucoup inspirée ». La jeune fille a beau être une compétitrice née, pas besoin de battre des records du monde pour gagner son respect.

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