Awa Nana Daboya : « Il faut consolider le processus démocratique au Togo »

L’atelier national sur les réformes au Togo a pris fin vendredi à Lomé. Organisatrice de l’événement, la présidente du Haut Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) présente dans cette interview, le bilan des cinq jours de réflexion.

Awa Nana Daboya préside le Haut Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) depuis fin 2014. © HCRRUN

Awa Nana Daboya préside le Haut Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) depuis fin 2014. © HCRRUN

ProfilAuteur_EdmondDalmeida

Publié le 22 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

Acteurs politiques, experts nationaux et internationaux, société civile… Il y avait du monde à la salle FAZAO du Radisson Blu de Lomé, du 11 au 15 juillet, pour l’atelier national sur les réformes organisé par le Haut commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN). L’institution, créée en 2008, est présidée par Awa Nana Daboya, magistrate à la retraite et ancienne présidente de la Cour de justice de la Cedeao. Elle aborde avec Jeune Afrique les contours de l’organisation de l’atelier et les espoirs liés aux conclusions de la rencontre.

Jeune Afrique : Les rencontres  nationales sur les réformes institutionnelles et politiques se sont tenues du 11 au 15 juillet à Lomé. Dans quel contexte cet événement s’inscrit-il ?

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Awa Nana Daboya : Cette réunion de réflexion et de partage d’expériences s’inscrit dans la droite ligne de la recommandation n°8 de la Commission Vérité Justice et Réconciliation qui préconise notamment « l’organisation d’une large réflexion sur la question des réformes en y associant personnalités politiques, juristes, sociologues, historiens, organisations de société civile en vue de déterminer les institutions en mesure de nous assurer une gouvernance adaptée à nos réalités ». Et face à la persistance de la méfiance presque instinctive exprimée ou visible chez de nombreuses parties prenantes, nous avons jugé important de solliciter les expertises de la matière du Maroc, du Ghana et du Rwanda, des pays ayant connu des réformes dont les résultats probants constituent une bonne expérience à partager. Une autre difficulté a trait à la méfiance et au scepticisme des concitoyens auxquels nous pouvons ajouter les nombreux questionnements sur la méthodologie à mettre en œuvre pour faciliter au mieux les échanges dans un contexte tendu en raison de la question des élections locales et de la problématique du régime politique.

L’absence de certains regroupements politiques ne risque-t-il pas de minimiser les résultats obtenus lors de ces assisses ?

Non ! Au contraire. Certes on aurait souhaité avoir tous les acteurs, notamment politiques, autour de la table pour enrichir les discussions mais rappelez-vous que c’est eux qui ont décliné notre invitation. Étant en démocratie, nous avons respecté leur volonté, en précisant que les réformes sont un processus et que nous restons confiants que le choix du dialogue constructif finira par l’emporter sur les autres considérations au nom de l’intérêt national. Dans le processus des réformes, le contexte consensuel est un facteur favorable. Et nous avons pris en compte les préoccupations des acteurs politiques et nous gardons la porte ouverte en restant à leur écoute. Quant aux résultats, ils s’apprécient par rapport aux objectifs poursuivis et sur ce point, ils ont été largement atteints.

Pouvez vous nous résumer brièvement les principales retombées de ces cinq jours de travaux ?

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Au terme des travaux, plus personne ne met plus en doute le fait qu’il faille consolider le processus démocratique en prenant en compte, entre autres, le respect des délais constitutionnels, le réajustement du régime politique, le reformatage du dispositif parlementaire, l’institution du tribunal électoral, la consolidation de la place républicaine de l’armée, la gestion des identités ethniques et tribales dans la gouvernance, la modernisation de la gestion du foncier, la régulation adaptée du cadre réglementaire et anthropologique d’exercice des privilèges protocolaires et administratifs de la chefferie, la réduction du déséquilibre régional dans le développement du pays.

Quelle suite sera réservée aux conclusions de l’atelier national sur les réformes ?

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Les conclusions de cet atelier seront versées à la commission en charge des réformes, créée en janvier 2015 et dont les membres doivent être incessamment désignés par le président de la République. Cette commission va rapidement se mettre à l’œuvre pour que la réconciliation véritable s’instaure et que l’unité nationale ne soit pas un vain mot.

Y a-t-il des raisons d’être optimiste en ce qui concerne la prise en compte des recommandations par les décideurs ?

Oui, nous restons optimistes au HCRRUN, parce que nous avons confiance en notre président de la République et nous voudrions dire que c’est un défi devant l’histoire qui nous commande à nous tous de prendre nos responsabilités. Le président Faure Gnassingbé a déjà montré clairement sa volonté de voir la stabilité et le développement de notre pays en finançant entièrement ces rencontres nationales.

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