De Ben Guerdane à Nice, un plan Marshall pour la Tunisie

La vie a de ses coïncidences…

Murs d’une maison marquée par les affrontements entre forces de sécurité et jihadistes, près de Ben Gherdane, le 8 mars 2016. © AP/SIPA

Murs d’une maison marquée par les affrontements entre forces de sécurité et jihadistes, près de Ben Gherdane, le 8 mars 2016. © AP/SIPA

Chadli Laroussi

Publié le 20 juillet 2016 Lecture : 2 minutes.

Le 14 juillet 2016, quelques heures avant l’attentat de Nice, je publiai un statut sur Facebook avec une photo datant de la fin des années 1940, prise à Médenine au sud de la Tunisie, que je commentai en ces termes :

« Sur cette photo, on voit à la place du souk de Médenine, face à la mosquée de Sidi Aleya ben Abid, la modeste baraque en bois, érigée en 1939 par Sidi, le héros du roman Un prénom pour exister, pour y installer un commerce à son jeune frère.

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On remarque la vitrine artisanale où ce commerçant en herbe exposait des flacons de parfum, poursuivant ainsi l’activité de son père qui tenait avant son décès, au début du siècle dernier, une parfumerie dénommée « Grande parfumerie du Sud : senteurs de Nice », avant que celle-ci ne fût détruite lors des bombardements de la Deuxième Guerre mondiale », une guerre qui avait embrasé l’Europe, avant de s’étendre à la Tunisie avec son lot de destructions, de larmes et de sang !

La guerre achevée, la France fit appel à une main d’œuvre nombreuse de ses anciennes colonies pour participer aux travaux de reconstruction. L’exemple de ces deux villes de part et d’autre de la méditerranée : Nice qui fournissait les senteurs à Médenine dès le début du siècle dernier et Médenine qui fournissait à Nice un appoint humain non négligeable pour sa reconstruction au milieu du siècle passé, était un modèle d’échanges qui a su surmonter les  vicissitudes de l’histoire pour établir des liens fructueux entre les citoyens des deux villes.

En écrivant ces lignes en ce début d’après-midi du 14 Juillet 2016, j’étais à mille lieues de m’imaginer le drame qui allait se nouer le soir même sur la Promenade des Anglais, en plein centre de la métropole de la Côte-d’Azur.

Les honnêtes émigrés tunisiens qui avaient constitué une force de travail qui a contribué à réparer les dégâts de la Deuxième Guerre mondiale et participé à la reconstruction de la France, notamment à Nice, pourraient-ils se reconnaître dans les actes de certains illuminés qui profitent de nos démocraties, affirmées ou encore naissantes, pour frapper aveuglément d’innocents citoyens ?

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C’est pourquoi, les multiples attaques terroristes qui ont été perpétrées de part et d’autre de la Méditerranée ces dernières années et dont les plus récentes sont celles de Nice en France, le 14 juillet 2016, et celle de Ben Guerdane dans le gouvernorat de Médenine en Tunisie, le 7 mars 2016, ne doivent en aucun cas alimenter la haine ou le rejet de l’autre.

Elles interpellent cependant nos dirigeants à repenser sérieusement leurs stratégies politiques. Ne serait-il pas urgent d’instaurer une véritable coopération internationale pour venir à bout du terrorisme, de décider d’un plan Marshall pour une démocratie naissante comme la Tunisie et d’engager, sans attendre, le seul combat qui vaille pour vaincre ce nouveau fléau du XXIe siècle qui frappe aveuglément au Nord comme au Sud : le combat pour un développement solidaire entre les rives de la Méditerranée.

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