Côte d’Ivoire : le journaliste Guy-André Kieffer exécuté sur ordre de Simone Gbagbo, affirme un témoin
Le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, porté disparu en 2004 à Abidjan, a été exécuté, son corps incinéré sur ordre de l’ex-première dame ivoirienne Simone Gbagbo, a déclaré un ancien chef de milice mercredi 20 juillet devant la justice .
Moïse Metchro Harolde Metch, dit commandant Hôtel ou Colonel H, chef du Groupement des patriotes pour la paix (GPP), une des nombreuses milices qui sévissaient en Côte d’Ivoire sous l’ex-président Laurent Gbagbo de 2000 à 2011, s’exprimait ce mercredi à Abidjan lors du procès pour « crimes contre l’humanité » de Simone Gbagbo.
« Kieffer a été exécuté par le commandant Anselme Séka Yapo, dit Séka Séka, sous les ordres de Simone Gbagbo, dont il était le chef de la sécurité rapprochée », a affirmé à la barre l’ex-chef de milice. « Son corps a été incinéré pour ne pas laisser de traces », a-t-il poursuivi, soulignant qu’il rapportait une conversation d’un de ses chefs. « Vous avez rapporté des faits qu’aurait déclaré quelqu’un d’autre, est-cela ? », lui a alors demandé un des avocats de Mme Gbagbo, Me Ange Rodrigue Dadje. « Oui », a répondu le témoin, précisant toutefois n’avoir pas eu la confirmation de la participation directe de son informateur à l’opération.
« Je ne connaissais pas Kieffer »
Le journaliste indépendant Guy-André Kieffer a disparu le 16 avril 2004 sur un parking de la capitale économique ivoirienne alors qu’il avait rendez-vous avec Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo. Guy-André Kieffer enquêtait sur des malversations financières, notamment dans la filière cacao, dont le pays est le premier producteur mondial.
Le 21 juin, Mme Gbagbo avait demandé que progresse l’enquête sur la disparition du journaliste. « On m’accuse, on me salit (…) Que l’enquête concernant cette affaire aille à son terme ! », avait lancé Mme Gbagbo, qui a déjà été entendue par la justice française dans cette affaire. « Il faut qu’on sache qui était Kieffer, je suis intéressée de le savoir, je ne le connais pas et n’avais jamais entendu parler de lui », avait-elle dit.
« Il est un menteur »
Mardi, l’ex-chef de milice Moïse Metchro Harolde Metch avait déclaré avoir participé à l’enlèvement de Yves Lambelin, ex-patron français du grand groupe privé Sifca qui avait été tué à la fin de la crise post-électorale en 2011. La défense de Mme Gbagbo met en doute sa version. « Avez-vous été entendu par le juge dans cette affaire »? », lui a demandé mercredi l’avocat. « Oui », a répondu le témoin. « Monsieur le président (de la Cour), le témoin ici présent n’a jamais été entendu dans la procédure de Yves Lambelin, il n’a pas été inculpé, a alors répliqué l’avocat. Nous voulons vous démontrer que ce témoin donne des informations erronées, il est un menteur. »
La cour d’assises d’Abidjan juge depuis le 31 mai l’ex-Première dame, 67 ans, pour crimes contre l’humanité, crimes contre les prisonniers de guerre et crimes contre les populations civiles, commis lors de la crise post-électorale de 2010-2011, qui a fait plus de 3000 morts en cinq mois. Cette crise avait été provoquée par le refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010.
Mme Gbagbo comparaît alors qu’elle purge déjà une première peine de 20 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État, prononcée l’an dernier.
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