Le port d’Abidjan veut servir de référence
Abidjan entend devenir le premier port de la côte ouest-africaine, entre ceux de Tanger au Maroc et Durban, en Afrique du Sud. Une ambition soutenue par des investissements conséquents.
La communauté portuaire d’Abidjan est venue en force participer à la mission commerciale organisée par le port autonome à Paris le 3 février. Une vingtaine de délégués des principaux opérateurs de la place ont fait le déplacement « pour rappeler le positionnement et la vision stratégique du port à ses clients européens », a expliqué Hien Sié, le directeur général de l’Autorité portuaire.
Devant les représentants des plus grandes compagnies maritimes mondiales (le français CMA CGM, le danois Maersk, l’italo-suisse Mediterranean Shipping Company, le hollandais NileDutch ou encore le japonais Mitsui O. S. K. Lines), Hien Sié a énuméré les nombreux projets censés voir le jour à Abidjan d’ici cinq ans.
Atouts
« L’objectif est de devenir le premier port de la côte ouest-africaine, entre Tanger et Durban », a soutenu le patron du Port autonome d’Abidjan (PAA), qui peut compter sur ses atouts géographiques au cœur de la sous-région et sur le dynamisme retrouvé de la Côte d’Ivoire qui enregistre plus de 8 % de croissance annuelle depuis 2012 et pèse à elle seule près de 40 % du PIB de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.
Véritable poumon économique, qui en moyenne voit passer 91 % des échanges commerciaux du pays tout en collectant 85 % de ses recettes douanières, le PAA traite chaque année près de 21 millions de tonnes de marchandises, dont 650 000 conteneurs. Et il espère bien en manutentionner le double une fois réalisés les différents terminaux spécialisés.
Alors qu’Abidjan vient de se faire doubler par le port voisin ghanéen de Tema – qui a traité 800 000 conteneurs en 2014 – le PAA entend booster le trafic conteneurisé, grâce notamment au démarrage du deuxième terminal à conteneurs (TC2) « toujours prévu pour 2018 », a affirmé Hien Sié, démentant ainsi tout report du début de ses activités.
Financé sur fonds publics à hauteur de 503 millions d’euros, le TC2 devrait permettre au port d’Abidjan de traiter 1,5 millions d’EVP (équivalents vingt pieds) par an. Les premiers coups de pioche sont attendus pour juin prochain. Cette enveloppe couvre également la construction d’un tout nouveau terminal roulier de dix hectares.
En outre, la direction portuaire attend d’ici à 2017 un nouveau terminal céréalier ainsi qu’un quai minéralier destiné à recevoir essentiellement les productions en provenance du Burkina Faso, du Mali et du Niger.
Concurrence
Avec ces équipements flambant neufs, Abidjan espère bien damer le pion à la concurrence en détournant à son profit les trafics en provenance de l’hinterland qui représentent actuellement 10 % de l’ensemble de ses volumes.
La pierre angulaire de toutes ces extensions reste l’approfondissement du canal de Vridi dont le tirant d’eau doit être porté à 16 mètres pour pouvoir recevoir les navires de dernière génération. Prévu pour être réceptionné en 2017, ce chantier coûtera plus de 200 millions d’euros aux pouvoirs publics ivoiriens.
Avec les projets liés au désengorgement d’Abidjan, parmi lesquels figurent la construction du nouveau pont Vridi-Biétry (entre les communes de Pot-Bouët et Marcory) ainsi que les 160 hectares gagnés sur la lagune pour étendre les surfaces industrielles de la ville, c’est plus d’un milliard d’euros que devra débourser au total le gouvernement ivoirien, auquel viendront s’ajouter les contributions de ses partenaires privés. Le prix à payer pour que le port autonome d’Abidjan devienne « la référence internationale » si chère à son directeur général.
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