Présidentielle en RD Congo – John Malala : « Pourquoi je me déclare candidat »

Interview – De passage à Bruxelles après un séjour en Afrique du Sud, John Malala, professeur agrégé à l’université de Floride centrale, a confié mardi à Jeune Afrique son intention de se présenter à la présidentielle à venir en RD Congo.

John Malala, candidat déclaré à la présidentielle en RD Congo, le 19 juillet 2016. © Trésor Kibangula/J.A.

John Malala, candidat déclaré à la présidentielle en RD Congo, le 19 juillet 2016. © Trésor Kibangula/J.A.

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Publié le 21 juillet 2016 Lecture : 4 minutes.

Du président Joseph Kabila à l’opposant historique Étienne Tshisekedi en passant par l’ex-gouverneur du Katanga (aujourd’hui démembré) Moïse Katumbi, John Malala, 56 ans, envoie des piques aux différentes figures de la classe politique de la RD Congo, qu’il estime « pas très préparés à diriger le pays ».

Depuis avril 2014, ce professeur spécialisé notamment dans la communication électronique à l’université de Floride centrale aux États-Unis, et chef du Parti des travailleurs, essaie de se mouvoir dans le marigot politique congolais. Non sans difficultés. Après Freddy Matungulu et Noël Tshiani, tous deux des Congolais vivant à l’étranger et pressentis candidats à la présidentielle initialement prévue fin novembre, John Malala a expliqué le 19 juillet à Jeune Afrique ses motivations qui le conduisent à briguer la magistrature suprême en RD Congo. Nous l’avons rencontré à Bruxelles.

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Jeune Afrique : Pourquoi vous êtes-vous déclaré candidat à la présidentielle à venir en RD Congo ?

John Malala : C’est une question de responsabilité. Je me déclare candidat à la présidentielle parce que ceux qui dirigent, ou ont eu à diriger la RD Congo, n’ont pas su sortir ce pays et son peuple de la crise – politique, sociale, sécuritaire et économique – dans laquelle ils se retrouvent. Pis, ce sont ces mêmes politiques qui en sont les auteurs.

Ce serait égoïste de ne pas faire profiter mon pays de mon expertise.

J’ai bénéficié d’un programme de leadership en Floride pendant une année (2011-2012). Je suis bien préparé à prendre des responsabilités au plus haut sommet de l’État. Ce serait égoïste de ne pas faire profiter mon pays de mon expertise.

Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Étienne Tshisekedi, Moïse Katumbi – pour ne citer que les principaux leaders – se sont également déclarés candidats. Qu’est-ce qui distingue votre candidature de celle des autres ?

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Je souhaiterais qu’il y ait un débat contradictoire autour des différents projets de société. Que veulent-ils faire réellement pour développer la RD Congo ? Parce que pour diriger le pays aujourd’hui, il ne suffit pas d’être un homme d’affaires, d’avoir été gouverneur de la province la plus riche du pays. Une formation universitaire devrait être requise pour se présenter.

Pourquoi vous attaquez-vous principalement à Moïse Katumbi ?

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C’est Moïse Katumbi qui est aujourd’hui considéré comme leader de l’opposition alors qu’il n’est pas un rival du président Joseph Kabila. D’ailleurs, l’ancien gouverneur dit lui-même qu’il a quitté la Majorité présidentielle (MP) parce que Kabila ne veut pas organiser les élections. Si ce n’était pas le cas, il y serait encore. Il n’est donc pas opposé au système en place. Il a dirigé le Katanga pendant près de huit ans sans pouvoir construire des hôpitaux modernes. La preuve : il va se soigner en Afrique du Sud ou à Londres.

Quels sont vos atouts face aux autres candidats ?

Je n’ai jamais participé au régime en place à Kinshasa. Un système qui a détruit le pays. Aujourd’hui, les Congolais ont besoin de sang neuf, frais et innocent. Avec mes revenus, j’ai créé une école primaire qui accueille gratuitement 180 élèves dans une zone rurale de l’ouest du pays. Aussi remplis-je les quatre critères essentiels pour être élu par le peuple : la compétence, la crainte de Dieu, l’intégrité et l’incorruptibilité.

En plein 21e siècle, le Congo ne peut pas être dirigé par une personne du troisième âge.

Que pensez-vous du « Rassemblement » de l’opposition autour d’Étienne Tshisekedi (83 ans) ?

Dans notre culture, nous avons souvent tendance à nous référer aux vieux lorsque se pose un problème dans la société. Et le rôle joué par Étienne Tshisekedi dans la lutte pour le pluralisme politique en RD Congo est incontestable. Je pense même qu’il aurait fait un très bon président de la République entre les années 1960 et 1990.

Cela dit, en plein 21e siècle nous n’allons quand même pas donner le leadership de la RD Congo à une personne du troisième âge… Ce serait inacceptable ! Sinon pourquoi envoyons-nous les enfants à l’école ? Que faisons-nous de toute cette élite congolaise, surtout celle de la diaspora ? À un certain âge, il conviendrait aussi que les politiques tirent leur révérence et aillent se reposer.

Vivre et travailler à l’étranger, n’est-ce pas une faiblesse pour un candidat déclaré à la présidentielle en RD Congo ?

Joseph Kabila, le président sortant, n’est pas né en RD Congo. Il n’y a pas grandi ni fait ses études. Moi je suis né au Congo, j’y ai grandi, je connais les souffrances des Congolais. Je suis allé à l’étranger pour suivre des études. Mais ces dix dernières années, je suis rentré au moins une fois tous les douze mois pour me confronter aux réalités locales et essayer d’apporter ma modeste contribution à mes compatriotes, notamment à travers ma fondation.

Participeriez-vous au dialogue politique national annoncé en RD Congo ?

Si le dialogue se tient dans le respect de la résolution 2277 du Conseil de sécurité [qui insiste sur la tenue de la présidentielle dans les délais constitutionnels, soit d’ici le 27 novembre, ndrl], personne ne s’y opposera. Dans le cas contraire, je n’approuve pas des pourparlers qui violeraient la Constitution de la RD Congo.

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