[Infographie] La Cnuced presse les pays africains de diversifier leurs sources de financement
Si la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) juge que le niveau d’endettement des pays africains reste encore « soutenable », l’institution les presse de trouver d’autres sources de financement (transferts des migrants, partenariats publics-privés, lutte contre les flux financiers illicites) pour éviter une répétition des crises de la dette des décennies 80 et 90.
Dans son rapport 2016 sur le développement économique en Afrique, rendu public le jeudi 21 juillet, la Cnuced se livre à un délicat exercice d’équilibriste : mettre les pays africains en garde contre le risque de sur-endettement sans être pour autant inutilement alarmiste.
« L’emprunt peut faire beaucoup pour améliorer les conditions de vie des Africains. Mais nous devons œuvrer pour le présent sans compromettre l’avenir, parce que la dette est dangereuse lorsqu’elle devient insoutenable », explique le Kényan Mukhisa Kituyi, secrétaire général de la Cnuced, cité dans un communiqué.
L’instance onusienne note par exemple que dans certains pays africains, « le taux d’endettement intérieur a presque doublé en vingt ans, passant d’une moyenne d’environ 11 % du produit intérieur brut en 1995 à quelque 19 % à la fin de 2013 ». Sur la période 2011-2013, le stock moyen annuel de la dette extérieure de l’Afrique atteint 443 milliards de dollars (22 % du revenu national brut – RNB), contre 303 milliards de dollars (24,2 % du RNB) en 2006-2009, souligne le rapport.
Risque de sur-endettement des pays africains
L’avertissement de la Cnuced intervient alors que la part de financement extérieur à taux concessionnel (aide multilatérale et bilatérale) dans la dette extérieure des pays africains est en recul : à 36,8 % en 2011-2013, contre 42,4 % en 2006-2009.
Dans le même temps, le recours au marché internationaux s’est significativement accru. Le stock des obligations souveraines internationales des pays africains est passé de un milliard en 2008 à plus 18 milliards de dollars en 2014, rappelle la Cnuced.
Un endettement qui, bien que réalisé dans un contexte de cours relativement bas n’est reste pas moins « problématique et risqué dans l’optique d’une gestion prudente de la dette, notamment en raison de l’existence de risques de taux d’intérêt et de risques de change ainsi que de la complexité des processus de restructuration de la dette », expliquent les experts de la Cnuced.
L’instance onusienne urge donc les États africains à « faire appel à de nouvelles ressources pour financer leur développement », dont les coûts sont très importants. Il faudrait mobiliser au moins 600 milliards de dollars par an pour réaliser les objectifs de développement durable en Afrique, selon la Cnuced.
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Pour faire face à ces besoins de financement, sans accroître excessivement le poids de leur dette, la Cnuced appelle les pays africains à rechercher des sources de financement complémentaires, telles que les envois de fonds de la part de la diaspora (63,8 milliards de dollars en 2014).
L’institution onusienne les encourage également à s’attaquer aux flux financiers illicites, estimés à 50 milliards de dollars par an. « Ils ont fait perdre environ 854 milliards de dollars au continent africain, entre 1970 et 2008 », note la Cnuced.
La conférence onusienne urge, enfin, les gouvernements du continent à miser davantage sur les partenariats publics‑privés, notamment dans le domaine des infrastructures.
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