La Tanzanie tente de freiner l’homosexualité… en interdisant les gels lubrifiants

Le gouvernement tanzanien affiche son engagement dans la lutte contre l’homosexualité, déjà passible de la prison à vie dans le pays, sans avoir peur du ridicule. Dernière mesure en date : l’interdiction de l’importation et de la vente de gels lubrifiants.

Pour le gouvernement tanzanien, le gel lubrifiant « encourage » les rapports homosexuels. © AFP

Pour le gouvernement tanzanien, le gel lubrifiant « encourage » les rapports homosexuels. © AFP

Publié le 22 juillet 2016 Lecture : 2 minutes.

Ummy Mwalimu assume la nouvelle répressive de son gouvernement vis à vis des homosexuels. La ministre de la Santé, du Développement des Communautés, du Genre, des Personnes âgées et des Enfants a confirmé en début de semaine devant la presse l’interdiction des gels lubrifiants en Tanzanie, justifiant cette mesure surprenante par la volonté de décourager les relations homosexuelles dans le pays.

« Il est exact que le gouvernement a interdit l’importation et l’utilisation du gel, pour enrayer la progression du VIH, a-t-elle déclaré. On estime à 23% la proportion de VIH-Sida parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes en Tanzanie ». Et d’ajouter : « J’ai donné pour instruction aux organisations travaillant avec les homosexuels de retirer ces produits du marché ».

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Durcissement des autorités

Au-delà de l’efficacité discutable de cette décision – et du fait que les lubrifiants sont également utilisés par les couples hétérosexuels -, les déclarations très politiques de la ministre s’inscrivent dans un durcissement généralisé des autorités sur le sujet de l’homosexualité, déjà passible de détentions à perpétuité. La loi tanzanienne est en revanche silencieuse sur les rapports lesbiens. Dans les faits cependant, les autorités se sont jusqu’à présent montrées plutôt tolérantes et les cas d’arrestations pour homosexualité ont été rarissimes.

Mais le nouveau commissaire général de la capitale économique Dar es-Salaam, Paul Makonda, a lancé ce mois-ci une campagne dirigée contre les homosexuels, conduisant à des arrestations dans plusieurs discothèques de la ville et incitant plusieurs militants à fermer leurs comptes sur les réseaux sociaux.

Examen anal

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Plusieurs sources policières ont confirmé les récentes arrestations, précisant que les suspects devraient subir un examen anal censé confirmé leur homosexualité.

Autre incident révélateur du climat actuel en Tanzanie, une chaîne de télévision locale très populaire parmi les jeunes, Cloud TV, a le 28 juin diffusé une interview d’un homme de 28 ans qui parlait de son homosexualité. L’Autorité de régulation des communications en Tanzanie (TCRA) a dans la foulée convoqué les responsables de la chaîne et les a contraints à diffuser des excuses dans leur journal télévisé pendant cinq jours de suite.

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