Ce qu’on attend de nous

Pierre Gattaz est le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), le principal syndicat patronal français.

Pierre Gattaz. © Wikimedia Commons

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Publié le 3 février 2015 Lecture : 3 minutes.

France-Afrique, un new deal ? © Séverine Assous/Ilustrissimo pour J.A.
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Afrique-France, un new deal ?

Le 6 février, à Paris, l’État et les patrons français accueillent leurs homologues du continent pour inventer un nouveau partenariat économique.

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Alors que la France est à un tournant dans sa relation économique avec l’Afrique, le Forum franco-africain pour une croissance partagée du 6 février, coorganisé par Medef International et les ministères économiques et financiers, constitue une nouvelle opportunité pour les entrepreneurs africains et français.

Plus aucune entreprise ne peut bâtir sa stratégie internationale en ignorant l’Afrique, qui représentera un quart de la population mondiale d’ici à 2050 et affiche depuis dix ans un taux de croissance supérieur à 5 %. Un continent en mouvement que beaucoup d’entreprises ont découvert ou redécouvert. Les quatre axes sur lesquels nos partenaires africains nous attendent sont la jeunesse, l’innovation, le défi des villes, et la question du financement de l’économie et des projets des entreprises.

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Les jeunes générations sont les premières concernées par l’évolution des relations économiques franco-africaines. Notre présence doit être la source d’une amélioration constante et durable de la formation et de l’employabilité à tous les niveaux de l’entreprise. Ce qui s’accompagnera de transferts de technologies, et contribuera au développement du tissu entrepreneurial. L’Afrique se retrouve aussi autour d’associations de jeunes professionnels issus de la diaspora, formés en France ou travaillant dans nos entreprises. L’énergie qu’ils mettent à renforcer les échanges économiques est un atout précieux.

L’innovation doit être au coeur de notre partenariat. Elle est un puissant accélérateur de développement, que l’Afrique a adopté en sautant des étapes technologiques avec la révolution mobile et numérique. Près de 60 % des paiements mondiaux réalisés avec un téléphone portable y sont effectués. Les entreprises qui implantent leurs centres de recherche et de développement sur le continent détiendront la clé pour optimiser leur fonctionnement, former la population (via l’e-learning), gérer la programmation et le développement des villes (connectées) ou faire gagner en efficacité les procédures administratives ou douanières (e-administration, guichets uniques).

La question des villes est cruciale, avec une population qui sera à 75 % urbaine dès 2030. Leur modèle se redessine afin qu’elles soient reliées et intégrées de manière plus inclusive, qu’elles soient plus compactes et plus sobres en matière de dépense énergétique. Des projets d’envergure sont accessibles à nos entreprises dans la conception, la gestion et le développement des municipalités africaines de demain, en lien avec les sociétés et décideurs locaux.

>>> Voir aussi – Rapport Védrine-Zinsou : la guerre (économique) a commencé !

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Le financement demeure un goulet d’étranglement, justifiant la mobilisation des institutions publiques de développement, en particulier pour l’immense chantier des infrastructures, dont le besoin en investissements supplémentaires est évalué à 50 milliards de dollars [plus de 43 milliards d’euros] annuels. Des passerelles doivent être mises en place pour créer un relais entre financements public et privé. Des solutions innovantes et des fonds d’investissement, davantage présents, sont aujourd’hui à l’oeuvre, ce qui permet d’identifier les projets du secteur privé local et les besoins en infrastructures – en vue de les financer. Reste à mieux apprécier la notion de risque en Afrique, qui demeure un obstacle à une mobilisation efficace et à moindre coût des capitaux.

Dans cette Afrique en mouvement et dans un environnement de plus en plus compétitif, nous avons perdu du terrain. Il n’y a plus d’acquis, pour aucun partenaire étranger. Notre présence dans les pays anglophones et lusophones a tardé à se développer. Nos « logiciels » de compréhension et d’action dans les États francophones étaient devenus obsolètes.

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Le secteur privé français doit jouer un rôle moteur dans le renforcement d’un partenariat croisé. C’est le rôle et la mission du Medef, et plus particulièrement de Medef International, d’accompagner et d’accélérer le développement des entreprises françaises en Afrique. Parallèlement, nous continuons à renforcer nos liens avec nos homologues africains et à les soutenir dans les instances internationales.

L’Afrique a besoin d’investissements dans le cadre d’une relation équilibrée. Et les entreprises françaises, de renforcer leurs liens économiques avec des partenaires d’avenir.

>>>> Lire aussi – France – Côte d’Ivoire : fini le pré carré !

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