Maroc : le royaume à l’heure de la diplomatie climatique

Dans un café populaire de Casablanca, deux hommes discutent. « Il paraît que le Maroc organise la COP22 en novembre », déclare le premier. « De quelle coupe tu parles ? De la Botola ? » interroge le second, visiblement enthousiasmé par l’idée de parler du championnat national de foot.

Vue aérienne de la station thermo-solaire Noor à Ouarzazate, dans le sud du Maroc © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Vue aérienne de la station thermo-solaire Noor à Ouarzazate, dans le sud du Maroc © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

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  • Nadia Lamlili

    Nadia Lamlili est responsable de la zone Maghreb/Moyen-Orient sur le site de Jeune Afrique. Elle est en particulier spécialiste du Maroc.

Publié le 3 août 2016 Lecture : 2 minutes.

Le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane lors d’un meeting du Parti justice et développement (PJD) le 14 juillet 2012 à Rabat. © Paul Schemm / AP / SIPA
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Son comparse lui précise alors qu’il s’agit d’un événement international portant sur l’environnement et le climat. « Enfin, toutes ces choses dont les gens à la tête bien faite discutent en ce moment », résume-t-il.

L’autre, mi-désabusé, mi-circonspect, rétorque : « Ah bon ? Qu’ils règlent d’abord le problème des déchets qu’ils ont importés d’Italie pour les incinérer chez nous ! Et celui des embouteillages, poursuit-il, il n’y a pas longtemps, un bus a roulé sur les rails du tramway pour les éviter ! »

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Si la conversation finit en éclats de rire, elle est loin d’être anodine dans un pays connu pour ses « réalités contrastées ». Les deux hommes n’ont pas tout à fait tort de se montrer sceptiques, le royaume étant loin de constituer un havre écologique. Ils n’ont pas tout à fait raison non plus.

Malgré les décharges où l’on brûle encore des pneus et des déchets électroniques à ciel ouvert, malgré l’absence d’une filière de tri sélectif (base de toute politique de recyclage), malgré les rejets polluants des usines (sujet encore tabou dans le royaume), un certain nombre de chantiers ont été engagés, qui font avancer le Maroc sur la voie du développement durable.

Depuis 2000, les initiatives d’économie sociale et solidaire (ESS) se multiplient. Agriculture biologique, tourisme rural, commerce équitable… L’ESS, qui représente 1,6 % du PIB, devrait y contribuer pour 3,9 % à l’horizon 2020. Un mouvement qu’accompagnent l’essor des énergies renouvelables – avec, par exemple, la centrale solaire de Ouarzazate, dont le roi a inauguré la première partie en février – et un grand élan de la société civile.

Les Marocains battent de plus en plus le pavé pour défendre leur droit de vivre dans un pays propre et respectueux de l’environnement, aussi bien que pour revendiquer leurs libertés individuelles, menacées par les archaïsmes. Ils se mobilisent même pour des causes encore inimaginables il y a quelques années, comme la protection des animaux.

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Dans un rapport publié en 2015, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) précise que le Maroc comptait 89 385 associations en 2012, selon le ministère de l’Intérieur. Elles ne fonctionnent pas toutes, mais leur nombre, qui n’a cessé d’augmenter depuis la mise en place de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), en 2005, est tout de même révélateur de la ferveur citoyenne qui a gagné le royaume ces dix dernières années.

Avec l’accueil de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, la COP22, du 7 au 18 novembre à Marrakech, le roi Mohammed VI, qui célèbre ses dix-sept ans de règne ce 30 juillet, vend l’engagement d’une nation qui ne prétend pas avoir réussi son pari environnemental, mais qui est en bonne voie pour y parvenir. Il offre à la communauté internationale une jeune et prometteuse expérience en matière de développement durable, dont il aspire à faire profiter d’autres pays africains. Après la diplomatie économique, religieuse et sécuritaire, le nouveau branding marocain en Afrique s’appelle diplomatie climatique.

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