Fusillade de Munich : un forcené qui voulait faire « un lien » avec Breivik

La fusillade ayant ensanglanté Munich vendredi soir a été perpétrée par un jeune forcené souffrant de problèmes psychiatriques, sans rapport avec le jihadisme, qui a voulu « faire un lien » avec le massacre commis il y a cinq ans en Norvège par Anders Behring Breivik.

Deux policiers aux abords du centre commercial de Munich où a eu lieu la fusillade le 22 juillet 2016. © Christof Stacge/AFP

Deux policiers aux abords du centre commercial de Munich où a eu lieu la fusillade le 22 juillet 2016. © Christof Stacge/AFP

Publié le 23 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

Selon les derniers éléments de l’enquête, le jeune Germano-Iranien de 18 ans a attiré la plupart de ses victimes dans un piège en les incitant via Facebook à venir dans un restaurant McDonald’s de la ville pour y bénéficier de réductions.

L’auteur de la tuerie, qui a fait neuf morts et 16 blessés, aurait aussi été victime dans le passé de « harcèlement » de la part d’autres « jeunes de son âge », a indiqué le ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière.

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« Aucun lien avec le groupe État islamique »

« Nous partons du principe qu’il s’agit dans cette affaire d’un acte classique d’un forcené » pris d’une crise de folie meurtrière ayant agi « sans motivation politique », a déclaré samedi à la presse le procureur de Munich (sud de l’Allemagne) Thomas Steinkraus-Koch.

« Il n’y a absolument aucun lien avec (le groupe) Etat islamique », a renchéri le chef de la police locale, Hubertus Andrä.

Identifié comme David Ali Sonboly, le tueur est né à Munich (sud de l’Allemagne) de parents venus en Allemagne à la fin des années 1990 comme demandeurs d’asile et fréquentait une école de la ville.

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Vendredi, en début de soirée, il a ouvert le feu sur un groupe de personnes dans un centre commercial et à proximité. Il a ensuite été blessé par la police puis s’est donné la mort. Dans son sac à dos, les enquêteurs ont retrouvé environ 300 munitions, suggérant qu’il avait à l’origine l’intention de tuer un nombre encore beaucoup plus important de personnes.

Surtout, les enquêteurs ont établi une connexion avec le tueur norvégien Anders Behring Breivik.

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« Le lien est évident », a dit M. Andrä, en soulignant que la fusillade était intervenue 5 ans jour pour jour après le massacre de 77 personnes par l’extrémiste de droite, le 22 juillet 2011. Des documents sur ce massacre ont été retrouvés dans sa chambre, ainsi que sur une autre tragédie survenue en 2009 en Allemagne, lorsqu’un adolescent de 17 ans, pris de folie, avait tué 15 personnes.

Jeux vidéo violents 

Mais si le jeune homme était fasciné par les tueries de masse, rien n’indique qu’il ait partagé les opinions politiques radicales du Norvégien. Issu d’une famille à l’origine chiite, il semble qu’il se soit converti à la religion chrétienne, d’où son prénom David, selon le ministre allemand de l’Intérieur.

Il a agi seul et manifestement préparé son coup. Selon M. de Maizière, il a probablement tendu un piège aux victimes après avoir « piraté » un compte Facebook : il leur a fait miroiter des bons de réduction dans un fast-food du centre commercial. « Une manière particulièrement sournoise de procéder », a commenté le ministre.

Trois Kosovars, trois Turcs et un Grec parmi les victimes

La plupart des victimes sont très jeunes, adolescents et jeunes adultes. Parmi elles figurent trois Kosovars, trois Turcs et un Grec.

Le jeune homme résidait avec ses parents dans un logement social avec de nombreux étrangers ou Allemands d’origine étrangère. Une voisine, interrogée par l’AFP, a parlé d’ »une bonne personne (…) qui riait comme toute personne normale ».

D’autres voisins l’ont décrit comme plutôt solitaire et amateur de jeux vidéo violents, un élément qui selon le ministre de l’Intérieur a « joué un rôle » dans cette affaire.

« Tout dans son langage corporel était synonyme de ‘je ne veux pas vous parler’ », a témoigné Stephan, le serveur d’un café installé au rez-de-chaussée de l’immeuble.

Sur une courte vidéo amateur largement diffusée sur les réseaux sociaux, et authentifiée par la police, on voit un riverain agonir d’injures l’auteur de la tuerie, vêtu de noir.

« Sale métèque », lui lance ce riverain. La voix de l’assaillant lui répond : « Je suis Allemand, je suis né ici », dit-il, avant de lancer, comme sous forme d’excuse, « J’étais en traitement hospitalier ».

Selon les autorités, il souffrait en effet de problèmes psychiatriques et était « en cours de traitement ».

Munich s’est retrouvée en état de siège pendant plusieurs heures car la police a craint pendant longtemps que plusieurs tireurs étaient en fuite. La chancelière Angela Merkel a parlé d’une « nuit d’horreur ».

L’Allemagne reste sous le choc: cette tuerie est intervenue quatre jours seulement après une attaque à la hache dans un train régional, également en Bavière, commise par un jeune demandeur d’asile de 17 ans qui a revendiqué son geste au nom de l’EI.

Elle intervient plus généralement dans un contexte de crainte en Europe, alimenté surtout par les risques d’attentats. Il s’agit de la troisième attaque contre des civils en moins de dix jours, celui de Nice (sud de la France) le 14 juillet ayant fait à lui seul 84 morts.

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