Crash d’Air Algérie : réunies à Ouagadougou, des familles de victimes réclament la vérité

Deux ans après la mort de 116 personnes dans le crash au Mali du vol AH 5017, leurs proches, réunis dimanche à Ouagadougou, mettent en cause la compagnie Air Algérie et l’équipage. Selon le principal syndicat espagnol de pilotes, ceux qui étaient aux commandes du MD-83 n’était pas formés aux manœuvres qui auraient pu éviter le drame.

Rémi Jouty, directeur du BEA, annonce les conclusions de son enquête, le 22 avril 2016. © Francois Mori/AP/SIPA

Rémi Jouty, directeur du BEA, annonce les conclusions de son enquête, le 22 avril 2016. © Francois Mori/AP/SIPA

Publié le 25 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

« Deux ans après le crash, on n’a pas avancé. Les familles des victimes sont frustrées, inquiètes et ‘souffreteuses’ (et souffrent) parce qu’elles ont l’impression que la vérité n’a pas été dite sur ce crash », a plaidé le président de l’Association des victimes burkinabè du vol d’Air Algérie, Me Halidou Ouédraogo, à l’occasion de commémorations au Burkina Faso du deuxième anniversaire de cette tragédie survenue le 24 juillet 2014.

« Les questions qu’elles se posent n’ont pas eu de réponses et c’est avec douleur et frustration qu’elles demandent à ce qu’on prête attention à leur situation », a-t-il ajouté lors d’une assemblée générale des familles des victimes organisée dans un grand hôtel de Ouagadougou.

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« Épave volante »

Les familles des victimes ont notamment estimé que la compagnie avait affrété « une épave volante » et mis en cause l’équipage. « C’est un avion poubelle qu’on a affrété sur ce vol », a accusé Djeneba Koussikana, une Française qui a perdu sept membres de sa famille. « On a envoyé nos parents à la mort. C’est un assassinat, un attentat, ce n’est pas un accident et il faut que quelqu’un assume », a poursuivi Mme Koussikana, larmes aux yeux.

Les familles des victimes ont également appelé les autorités maliennes à restituer les restes de leurs proches enterrés sans leur consentement dans un cimetière de Bamako afin qu’ils soient inhumés à Ouagadougou. Car l’avion était parti de la capitale et une stèle y sera érigée en leur mémoire.

Absence de réaction 

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Le vol AH 5017 d’Air Algérie Ouagadougou-Alger s’est abîmé le 24 juillet, 32 minutes après son décollage dans le nord du Mali. Les 116 personnes à bord ont perdu la vie. Cinquante-quatre Français, 23 Burkinabè, ainsi que des Libanais, des Algériens, des Espagnols et des Luxembourgeois figuraient parmi les victimes.

Selon le rapport final du Bureau d’enquêtes et d’analyses (le BEA français), publié en avril dernier, le crash est dû à « la non-activation » par l’équipage du système antigivre, suivie de l’absence de réaction des pilotes pour sortir d’une situation de décrochage.

Les pilotes n’étaient pas formés pour affronter de telles situations

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Les pilotes espagnols aux commandes de l’appareil « n’avaient jamais été formés pour affronter de telles situations », a dénoncé lundi le syndicat Sepla, principal syndicat de pilotes espagnol, dans un communiqué. Ce dernier a rappelé, à ce titre, que d’autres accidents aériens avaient déjà été causés par ce type de problème, notamment celui du vol Rio-Paris d’Air France qui s’était écrasé dans l’Atlantique en juin 2009 avec 228 passagers à bord.

Depuis, l’Organisation de l’aviation civile internationale a prévu des formations complémentaires. Mais celles-ci n’avaient pas été mises en oeuvre par la compagnie espagnole de leasing Swiftair dans laquelle travaillaient les six membres d’équipage, avant l’accident.

« Nous n’apprenons pas de nos erreurs », a dénoncé lors d’une conférence de presse Ariel Shocrón, chef du département technique du syndicat. Le pilote et le copilote étaient « très expérimentés », et avaient plus de 16 000 heures de vol sur cet aéronef, a-t-il ajouté. Mais « nous avons besoin de davantage d’entraînement et de meilleure qualité ».

Selon le rapport du BEA, l’obstruction des capteurs de pression des moteurs en raison du givre a conduit à une diminution de la poussée des moteurs, puis de la vitesse de l’avion. L’équipage n’aurait pas détecté cette diminution de vitesse jusqu’au décrochage de l’avion, un MacDonnell Douglas MD 83, puis n’a pas été en mesure de le rattraper.

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