Maroc : le FMI approuve une « ligne de précaution » de 3,5 milliards de dollars
Cet accord est le troisième signé entre Rabat et le Fonds monétaire international depuis 2012. Le Maroc peut puiser dans cette ligne de financement pour répondre à une crise de sa balance de paiements. Ce mécanisme compte toutefois plusieurs détracteurs, qui mettent en doute son utilité et s’alarment de son coût.
Le Maroc vient de décrocher une troisième « ligne de précaution et de liquidité » (LPL) auprès du Fonds monétaire international. D’une valeur de 2 504 milliards de droits de tirage spéciaux – environ 3,47 milliards de dollars – cette ligne de financement d’une durée de deux ans a été approuvée le vendredi 22 juillet par le conseil d’administration du FMI.
Ce mécanisme fonctionne de façon similaire à une autorisation de découvert bancaire, que Rabat peut activer en cas de crise aiguë de sa balance de paiements (qui regroupe les échanges de biens et services, ainsi que les transferts en capital et les investissements).
Mise en place par le FMI en 2011, la LPL permet de « répondre aux besoins de liquidité des pays membres dont l’économie est foncièrement solide et qui appliquent des politiques saines, mais qui restent exposés à des facteurs de vulnérabilité ».
Amélioration de la position extérieure du royaume
Le Maroc a signé une première LPL de 6,2 milliards de dollars avec le FMI en 2012, puis une deuxième d’environ 5 milliards de dollars en 2014. L’accord validé vendredi dernier marque une nouvelle réduction de l’enveloppe accordée par le FMI à travers ce mécanisme, signe de l’amélioration de la position extérieure du royaume.
« Les déséquilibres extérieurs [du Maroc] ont sensiblement diminué et l’assainissement budgétaire a progressé, tandis que les moyens d’action et le dispositif institutionnel ont été renforcés, y compris grâce à l’application de la nouvelle loi organique des finances, à l’adoption de la réforme des retraites de la fonction publique et aux constantes améliorations apportées à la supervision du secteur financier », s’est réjoui Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint du FMI, cité dans un communiqué.
La balance commerciale du Maroc s’est très clairement améliorée depuis deux ans. Fin 2015, le déficit commercial du pays était à son plus bas niveau depuis une dizaine d’années, à -152,2 milliards de dirhams (-14 milliards d’euros), conséquence du recul de la facture énergétique du pays et de la montée en puissance des exportations industrielles (aéronautique, automobile).
En légère hausse au premier semestre 2016 (+6,5 %) à -85,24 milliards de dirhams, environ 7,82 milliards d’euros (chiffres provisoires de l’Office des changes), il demeure assez modéré par rapport au début de la décennie, le taux de couverture des importations par les exportations restant au-dessus de 57 %.
Détracteurs
Depuis 2012, la LPL a suscité de nombreuses critiques, qui questionnent son utilité et son coût.
L’amélioration de la position extérieure du pays et le fait que les autorités marocaines n’ont jusqu’à présent pas puisé dans les LPL accordées par le FMI – Rabat s’est à nouveau engagé, vendredi, à n’y recourir « qu’à la suite d’une dégradation prononcée de la conjoncture extérieure » – seraient une preuve de l’inutilité de ce mécanisme, expliquent ses détracteurs. Ces derniers pointent également le coût de ce mécanisme, qu’ils jugent élevé : il peut dépasser 10 millions d’euros par an.
Risques baissiers considérables
Comme pour répondre à ces critiques, les responsables du FMI rappellent que l’économie marocaine « se heurte à des risques baissiers considérables ».
Parmi ces risques figurent celui d’un recul marqué de la croissance des partenaires commerciaux du Royaume, principalement en Europe, et d’une volatilité accrue de la situation financière provoquant une remontée des prix du pétrole, une hausse des coûts du crédit et une baisse des recettes d’exportation et du tourisme, qui pourraient durement affecter la balance extérieure du Maroc.
Autant de « risques exogènes » contre lesquels la LPL constitue une « assurance utile », estiment les économistes du Fonds.
Preuve de cette fragilité, les recettes d’IDE du royaume sont en baisse (-12,5 %) au premier semestre, à 17,09 milliards de dirhams.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- L’arrestation du PDG du groupe CHO secoue l’huile d’olive tunisienne
- Chez Itoc au Sénégal, les enfants de Baba Diao revisitent la gouvernance du groupe
- Carburant en Afrique : pourquoi les exportateurs mondiaux jouent des coudes pour a...
- Sénégal : à quoi doit servir la nouvelle banque de la diaspora ?
- Mali, Burkina, RDC, Afrique du Sud… Haro sur le néocolonialisme minier !