Total en eaux troubles à Djibouti
Entre l’État djiboutien et le groupe français Total, rien ne va plus. À l’origine, un contentieux vieux de quinze ans lancé par une plainte pour pollution à grande échelle du port de Djibouti.
Rien ne va plus entre l’État djiboutien et le groupe Total, au point que le premier envisage sérieusement de faire jouer les accords liant les vingt pays membres du Comesa (Marché commun de l’Afrique orientale et australe) afin d’obtenir la saisie des actifs du second. Rien de moins.
Pollution
À l’origine, un contentieux vieux de quinze ans. C’est en effet en 2000 que le ministère de l’Environnement déposa contre les filiales locales de Total, Shell et Mobil une plainte pour pollution à grande échelle du port de Djibouti.
Après une longue bataille procédurale ponctuée de plusieurs expertises des dégâts causés par les fuites d’hydrocarbures, tant sur les conduites souterraines qu’au niveau des cuves de dépôt – lesquelles ont contaminé le sol en profondeur -, ainsi que d’une tentative inachevée de dépollution des sites, la Cour suprême de Djibouti a confirmé en septembre 2014 la condamnation de Total, qui a entre-temps repris les actifs locaux de Mobil, et celle d’Oil Libya, qui a racheté ceux de Shell, à verser solidairement 150 millions d’euros à l’État djiboutien.
>>> Lire aussi : Pétrole – Trente ans d’incidents environnementaux en Afrique
Problème : à peine la sentence prononcée, Total Djibouti, Total Marketing Djibouti et Oil Libya Djibouti se sont déclarées en… cessation de paiement ! Une mesure qui a provoqué l’ire des autorités, au point que le directeur local de Total est allé se mettre à l’abri sur la base aérienne française d’Ambouli avant de quitter discrètement le pays fin novembre.
Depuis, la justice djiboutienne affirme avoir découvert les preuves d’une organisation d’insolvabilité de la part de Total Djibouti sous la forme de détournements d’actifs au profit de la maison mère entre 2011 et 2014. En attendant la réaction de Total face à ces dernières accusations (qui n’ont pas encore été officiellement formulées), c’est bien une affaire d’État qui se profile à l’horizon.
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