Tunisie : l’humour face caméra de Saif-IFOTC
Jusqu’au 30 août, « Jeune Afrique » vous propose un rendez-vous hebdomadaire consacré aux influenceurs africains et / ou de la diaspora qui agitent la toile. Cette semaine Saifedine Rebai, qui tourne le quotidien tunisien en dérision.
À seulement 24 ans et depuis trois ans maintenant, ce féru des réseaux sociaux fait le cyber-show. Dans des vidéos qui dépassent le plus souvent les 100 000 vues sur YouTube, il se met en scène sous le pseudo Saif-IFOTC (pour « in front of the camera »). En plus de cette plateforme, sur laquelle le suivent plus de 50 000 abonnés, il compte aussi sur Facebook (près de 62 000 fans) et Instagram (14 100 abonnés) pour diffuser ses ondes positives. Car son créneau pour conquérir la Toile, c’est le rire.
De passe-temps à gagne-pain
« J’ai cette passion pour la comédie depuis mon plus jeune âge. J’adore me donner en spectacle, surtout devant la caméra », explique Saifedine. Après des études en informatique, il profite d’un peu de temps libre pour commencer à tourner ses premières vidéos, avec difficultés au début, puis avec de plus en plus d’assurance. « Je n’avais aucune expérience en matière de réglage d’une caméra, de tournage et de montage. Ça a été très compliqué au début, j’ai dû m’y reprendre six fois pour ma première vidéo, avec quand même un résultat plutôt nul ! » se souvient-il en riant. D’abord attiré par le monde du « gaming » et inspiré par le youtubeur britannique KSI (commentateur de jeux vidéo et rappeur qui compte plus de 13 millions d’abonnés), il penche finalement pour l’humour, « car je me suis toujours trouvé drôle ! ».
Aujourd’hui beaucoup plus à l’aise, il consacre plusieurs jours à écrire chacun de ses épisodes en tunisien dialectal puis à les monter, en parallèle de son poste à plein temps dans le marketing. Ses vidéos traitent du quotidien tunisien sur un ton léger et parfois décalé, avec parfois quelques « petits effets spéciaux » sur les thèmes de mariage, du ramadan, des études, de l’amour, de la famille, du réveillon, des vacances d’été ou encore de la rentrée. Mais peu d’actualité politique et internationale, trop sensibles selon lui. Notamment depuis qu’il a reçu des dizaines de commentaires et de messages menaçants pour avoir partagé une vidéo sur Daesh, supprimée depuis. Morale de l’histoire, « on ne peut pas toujours rire de tout. »
Quant à l’argent que ses sketchs lui rapportent, Saifedine reste plus évasif, expliquant que s’il n’en vit pas encore, il reçoit néanmoins « un peu d’argent » pour sa passion. « Ce n’est un secret pour personne que les youtubeurs sont payés selon leurs nombres de vues, mais rien à voir avec PewDiePie [un des youtubeurs les mieux payés au monde] ! ». Et surtout, ses vidéos lui permettent de réaliser un autre rêve : passer à la télévision.
Des projets, des rencontres et même l’amour
Car tout en continuant à exprimer sa créativité sur le net, le jeune homme avait des vues sur le petit écran. Depuis fin février et pendant quelques mois, il a co-animé l’émission « Ija Inbox » sur la chaîne Al Wataniya 2, lancée en partenariat avec la « BBC Média action Tunisie » à destination de la jeunesse. D’autres projets sont désormais en cours, nous confie-t-il, mais « motus et bouche cousue pour l’instant ».
Au-delà du fait de pouvoir faire ce qu’il aime, ce qu’apprécie surtout Saifedine c’est sa notoriété, et les rencontres réelles avec ses « followers » virtuels. « Ce que je chéris le plus, ce sont les fans. Mes vidéos m’ont permis de rencontrer tellement de merveilleuses personnes que je n’aurais jamais croisées autrement… y compris la fille de mes rêves ! Plusieurs personnes me reconnaissent même dans la rue, c’est cool. »
Sa famille aussi le soutien depuis le début, et l’encourage à poursuivre dans cette voie. Un soutien d’autant plus important qu’il l’aide à surmonter les critiques et à voir plus loin. Car comme la plupart des stars du web, il y a les fans… et ceux qui le sont moins. Des épisodes trop longs, pas assez drôles, et surtout un accent sfaxien qui ne passe pas toujours très bien… Saifedine préfère en rire, en entonnant les paroles de la chanteuse américaine Taylor Swift : « Haters gonna hate hate hate, and I’m just gonna shake shake shake shake it off, shake it off ! »*.
*En anglais : « Les rageux vont rager, rager, rager, et moi je vais bouger, bouger, bouger, et passer outre, passer outre ! »
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